La récente alliance LVMH/Red Bull Group autour du rachat du Paris FC présente une nouvelle pierre dans l’édifice sportif du géant autrichien. Un acte qui bascule l’entreprise dans un nouveau modèle économique sportif.
Au mois de mai dernier, le groupe autrichien a acquit l’équipe cycliste Bora-Hansgrohe, pour pénétrer un nouveau sport en imposant son modèle de développement de jeune coureur et une certaine idée du sport. Le tout soutenu par un budget estimé pour 2025 autour de 30 à 35 millions d’euros. Par ailleurs, en plus de l’accord autour du Paris FC (et d’un investissement de 100 millions d’euros par saison), la branche football regarde du côté du Torino en Italie, selon plusieurs sources proches du club. La signature de Jürgen Klopp, comme coordinateur général du projet (contre un salaire d’une dizaine de millions d’euros par an, selon les estimations) est la dernière indication en date.
Cette accélération de l’investissement dans le football, est inspirée par le DG des projets d’entreprise et des nouveaux investissements, Oliver Mintzlaff, depuis 18 mois. Présent au Brésil avec Bragantino, en Allemagne avec Leizpig, en Autriche avec Salzbourg, aux Etats-Unis avec New York et sponsors sur le maillot de Leeds en Angleterre, Red Bull avait pourtant ralenti ses investissements dans le monde du ballon rond depuis plusieurs années. La construction d’un modèle inspiré de Manchester City et sa valorisation économique de 10 milliards d’euros, est le principal moteur de l’investissement récent de la marque autrichienne dans le monde du football. L’empire Red Bull dans le football vise les 5 milliards de valorisation d’ici 2030.
Le modèle F1 de l’empire
L’investissement le plus important de Red Bull dans le sport est celui de la Formule 1. Mais c’est surtout une illusion. En 2024, l’entreprise n’a injecté que 45 millions d’euros (contre 150 millions en 2021), auprès de ses deux écuries (Red Bull Racing et Visa Cash App RB). En 2025, l’équipe 6 fois championne du monde des constructeurs, n’aura plus un centime de son propriétaire. Elle a également laissé partir son ingénieur star, Adrian Newey (23 millions d’euros de salaire par saison), qui était présent dans l’écurie depuis 2006. Tandis que la deuxième écurie, sera encore soutenue pour assurer sa compétitivité. Notons que la valeur cumulée de ses deux écuries sont estimés à 3,9 milliards d’euros. Via une augmentation indexée à la valeur de la discipline (18 milliards d’euros aujourd’hui). Ainsi la Formule 1 ne sera plus le véhicule principal du développement de la marque Red Bull dans le monde pour les prochaines années, mais une rente économique. La marque autrichienne cherche donc d’autres espaces de croissance en reproduisant son modèle.
La 3ème évolution du modèle Red Bull dans le sport
Red Bull entame un tournant en 2024, avec ces décisions sportives. Après avoir fait la promotion de sa marque pour vendre essentiellement un style de vie au début des années 2000 (600 événements et 500 athlètes sponsorisés en 2012, par exemple), la société s’était transformée en média au début de 2012, afin de convertir son investissement massif. Elle devient désormais une marque globale en utilisant le principe économique de la plate-forme.
Klopp présente la même fiche de mission qu’Adrian Newey dernièrement, en imposant une figure de mentor. L’investissement dans le cyclisme, va ouvrir le principe d’une académie, comme en Formule 1, en mettant en avant des jeunes coureurs et donc aussi les futures stars de la discipline (comme Sébastian Vettel et Max Verstappen en F1). Dématérialisant son modèle construit en Formule 1 depuis 20 ans sur d’autres sports. Un projet qu’il sera intéressant d’observer pour l’avenir, pour une entreprise qui investit jusqu’à 1,5 milliards d’euros par an dans le sport.