Alors que le président sortant de la FFR, Florian Grill, a lancé un programme d’assurance qui va coûter plus de 14 millions d’euros supplémentaires à la fédération, plusieurs voix s’élèvent au sein du comité directeur de l’instance.
« C’est assez émouvant : depuis que je suis tout petit, la GMF est un partenaire du rugby ». En janvier dernier, le président de la Fédération française de rugby, Florian Grill, remerciait la GMF, assureur mais également partenaire de la FFR. La fin d’une histoire commune vieille de près de quarante ans. Si, dans les médias, la GMF indiquait simplement ne pas être intéressée par « la nouvelle grille » de tarifs de partenariat proposée par la FFR, en off, les tensions ont été palpables. Quelques semaines avant l’annonce de la fin du contrat entre les deux parties — qui représente un manque à gagner de plus de 20 millions d’euros pour les quatre prochaines années —, Florian Grill avait envoyé sa nouvelle grille tarifaire par simple e-mail. Le partenaire historique de la fédération n’avait que très peu goûté à cette méthode et, plus que le fond, c’est la forme qui avait pourri les relations entre la GMF et la FFR. « Florian Grill savait ce qu’il faisait, résume un ancien cadre de la fédération, sous couvert d’anonymat. Ce fut le point initial pour se séparer des assureurs historiques pour placer d’autres prestataires à des conditions qui, aujourd’hui, posent question ».
Un programme d’assurance présenté en catimini
Depuis plusieurs jours, le dossier de l’assurance fait en effet des remous, dans les médias. Mais aussi en interne depuis quelques mois. Le 16 mai 2024, lors d’une réunion du comité directeur de la FFR, Florent Lajat, directeur général adjoint de la fédération, présente le nouveau programme d’assurance de l’organisation. Lors de cette visioconférence est présenté un tableau truffé de chiffres, peu compréhensibles pour les membres du comité directeur. L’objectif est alors, selon la présidence de la FFR, de valider le jour même ce programme dont le coût global « permet de ne pas augmenter les cotisations des licenciés » et dont les garanties seront « supérieures aux pratiques du secteur, à un prix constant ». Mais les chiffres affirment l’inverse. L’un des élus du comité directeur, Antoine Martinez, demande alors pourquoi les informations n’ont pas été envoyées en amont « pour pouvoir mieux les analyser ». Dès lors, le débat sur le nouveau gestionnaire, le courtier américain Marsh, envenime les débats. Antoine Martinez déplorant le fait que la décision ait été prise par Florian Grill de façon unilatérale, sans appel d’offres.
Marsh : 14 millions supplémentaires
Dans les faits, un appel d’offres a bien été réalisé, mais celui-ci a été déclaré infructueux, comme l’indique ce mardi L’Informé. « Aucun assureur ne souhaitait s’embarquer dans une réponse à un appel d’offres dont le cahier des charges imposait la ‘solidarité étendue », nous explique un spécialiste de l’assurance. Florian Grill souhaitait en effet imposer ce critère, qui permet à toute personne se blessant pendant un match de rugby, non organisé par la FFR, d’être couverte par l’assurance de la fédération. Résultat : la présidence de la FFR a imposé Marsh. Problème : si Florian Grill assurait, le 16 mai 2024, que ce contrat était avantageux en termes de tarifs, l’analyse des chiffres a, a posteriori, permis de constater un surcoût de 14 millions d’euros sur quatre ans pour une fédération pourtant financièrement fragile. Depuis, Florian Grill a tenté de se défendre, en multipliant des inexactitudes, pour justifier un programme d’assurance voté à la hâte le 16 mai dernier, lors du comité directeur. Ce jour-là, neuf membres s’étaient abstenus. Parmi les dix-huit membres ayant voté pour, certains estimaient dans les jours qui ont suivi avoir été mis devant le fait accompli. Le 24 mai, ils ont demandé des comptes au président de la FFR dans une lettre. Un courrier resté sans réponse.