La semaine dernière, sur les 42 clubs de la Liga espagnole, 38 ont approuvé l’introduction du fonds d’investissements anglo-luxembourgeois, CVC Capital dans leur business à hauteur de 2,1 milliards d’euros (réduit de 600 millions par rapport à l’accord d’origine). La crise économique qui fait suite à la crise sanitaire a fait entrer des acteurs d’investissement, qui souhaitent fortement diversifier leur portefeuille dans le divertissement.
Dans les faits, l’accord refusé par le FC Barcelone, le Réal Madrid, l’Atletico Madrid et l’Athletic Bilbao permet au fonds d’investissement de prendre 10% des droits économiques de La Liga sur du très long terme. Sur le papier, cela rapporterait plus de 200 millions d’euros aux équipes dissidentes, mais en échange d’une hypothèque des revenus. 11% des revenus non-audiovisuel et 10,95% des revenus audiovisuel pendant les cinquante prochaines années.
Une tendance qui se confirme
Ce détail est important car il démontre la réalité derrière l’espoir. En juin, la fédération néo-zélandaise de Rugby a accepté une proposition du fond américain Silver Lake (déjà actionnaire de City Football Group). 12.5% des droits commerciaux contre 280 millions d’euros. Un deal contesté par le collectif des joueurs All Blacks qui ont fait une contre-proposition. En vain. En s’approchant, il est désormais clair que l’accord est fortement semblable à celui conclu entre la Liga et CVC Capital, cédant une partie des All Blacks pendant deux générations au moins. Cela explique la réaction forte des joueurs.
La tendance de vendre ses droits commerciaux à des fonds d’investissements s’est accélérée, au deuxième semestre de l’année 2020. CVC Capital Partners a été le plus actif. La Serie A italienne avait déjà cédé 10% pour 1,7 milliards d’euros au fonds d’investissement, associé Advent International et le fonds italien FSI, pour la gestion des droits télé de la ligue italienne. En 2020 il avait également pris une participation de 28% dans le United Rugby Championship pour 145 millions d’euros. En février 2021, il a investi 300 millions de dollars dans la Fédération internationale de volleyball. En mars, il a acquis une participation de 14% dans Six Nations Rugby pour un montant pouvant atteindre 435 millions d’euros. Il est actuellement en pourparlers pour un accord de 515 millions d’euros qui fusionnerait l’ATP et la WTA. Nous savons que l’entreprise cherche à prendre une participation dans la Currie Cup, la première fédération de rugby d’Afrique du Sud.
En Formule 1, McLaren Racing a cédé 15% en 2020 et 33% en 2022 de son capital (suivant les modulations), à un consortium piloté par MSP Sports Capital, mais derrière cet investissement il y a Ares Management. Ce fonds a investi 1 milliard d’euros en 2020 en prenant des participations dans McLaren Racing, l’Atlético de Madrid, The San Diego Padres, Rugby Australia et la Professional Fighters League.
Sauver l’immédiat
Auparavant l’emprunt bancaire était la solution, mais la crise sanitaire a provoqué une crise économique dans le sport alors que la demande de contenu dans le secteur sportif, média et de divertissement est en croissance. Face à la concurrence, les ligues et fédérations préfèrent investir afin de maintenir leur part de marché et éventuellement en gagner. D’un emprunt pouvant aller de 3 à 10 ans, nous sommes désormais passé à 25 ou 50 ans. Un lourd héritage pour les dirigeants des générations futures.