Du jamais vu dans l’histoire de la Formule 1. En l’espace de deux jours, quatre Team Principal ont changé d’équipe ou ont été remerciés. Si l’histoire du mercato chez les pilotes a toujours existé, que le plus discret marché des transferts des ingénieurs, également depuis vingt ans, celui des patrons, d’équipe est rare. En tout cas, il ne provoque pas un effet domino.
Fin novembre, Mattia Binotto est annoncé en difficulté chez Ferrari. Le bruit s’amplifie, au point que l’ingénieur italo-suisse qui avait pris la destinée de la Scuderia en 2018, annonce son départ. Le poste est vacant. Mais des noms circulent. Et tout a basculé.
Les deux jours d’un mercato inattendu en F1
La première surprise est venue de Williams Racing. Jost Capito, en place depuis début 2021, quitte l’équipe anglaise. L’homme qui voulait partir à la retraite, avait accepté la mission proposée par le propriétaire de Williams, Dorilton Capital. Des moyens ont été déployés, les ressources humaines ont été renforcées. Il manquait une identité et une culture. Ainsi qu’un début de plan. Mission accomplie pour Capito. Malgré tout, l’équipe a terminé dernière, du classement des constructeurs, cette saison. Loin du plan initial qui visait au minimum la 8ème place et se battre avec le milieu de tableau. Cela n’a pas été le cas. L’ensemble de l’environnement de Capito a été remercié.
Le lendemain, Fred Vasseur est annoncé comme remplaçant de Binotto chez Ferrari, confirmant les rumeurs sur le sujet. Le Français, en F1 depuis 2016, est un proche de Charles Leclerc. La nomination a été anticipée, car un autre bruit perturbait la communication des acteurs du moment : l’entrée de Audi, dans le monde de la F1.
Quelques heures auparavant, les canaux bien informés annonçait dès le matin, que Andreas Seidl, en poste chez McLaren depuis 2019, va rejoindre Sauber. La confirmation est arrivée après celle de Vasseur chez Ferrari, à la surprise générale. Le manager allemand devait rester en poste à l’usine de Woking, jusqu’en 2025. Mais le départ de Binotto a bousculé l’ordre établit. Seidl a annoncé à McLaren son intention de ne pas prolonger son contrat, comme souhaité par les deux parties initialement. L’offre d’Audi pour Sauber était sur la table. Le départ programmé de Vasseur chez Ferrari laissait la place vacante. Seidl reproduira sa restructuration chez Sauber, comme il l’avait fait chez McLaren.
McLaren n’a toutefois pas attendu et la coordination de l’annonce du remplacement de Seidl par Andrea Stella, qui était dans l’équipe, c’est donc une promotion interne qui prendra la direction de McLaren en 2023.
L’évolution du poste de patron d’écurie
Ce mouvement est unique et relève d’une nouvelle donnée en Formule 1 née de l’introduction en 2021, du budget plafond. La discipline est passée d’une compétition de dépenses où les erreurs peuvent être couvertes par de l’argent supplémentaire. A l’importance de travailler efficacement, d’être discipliné, de bien planifier et, surtout, d’être intelligent. Auparavant, le team principal était le propriétaire de l’équipe, soit un homme qui ne référait qu’à un conseil d’administration. Désormais le poste a évolué.
C’est LE poste à responsabilités par excellence. Mattia Binotto a démissionné après que le patron de Ferrari John Elkann et le PDG Benedetto Vigna, aient perdu confiance en lui. Ils ont estimé que l’équipe n’avait pas livré tout son potentiel lors de la saison 2022. La raison évoquée par Binotto était la gestion du budget plafond. Il fallait évoluer. La signature de Vasseur et Seidl illustrent la tendance à embaucher des profils qui savent exactement ce qu’il y a de mieux, en période de plafonnement des coûts. La performance ne vient pas du fait d’apporter un nouvel aileron avant à chaque course, car il y a des limites à cela. Mais plutôt de s’améliorer dans les domaines peu onéreux. Savoir où se concentrer dans la dotation en personnel et pourvoir les postes vacants, est essentiel pour tirer le meilleur parti de chaque membre de l’organisation. Il est important de comprendre les règles et les exceptions pour s’assurer que toutes les dépenses sont consacrées à 100 % aux performances du véhicule et ne sont pas gaspillées.
Le plafond budgétaire appelle une approche différente, le team principal occupe désormais le devant de la scène, comme l’étaient en leur époque, les Frank Williams ou Ron Dennis. Cela s’accompagne de responsabilités supplémentaires, ce qui signifie une gloire supplémentaire lorsque les choses vont bien. C’est pour cela que les salaires sont importants. On parle de 6 à 8 millions d’euros pour les noms évoqués dans ce sujet. Christian Horner touche lui désormais entre 8 et 12 millions par an, et Toto Wolff minimum 16 millions d’euros de salaire. Des salaires du niveau des entraineurs de football, avec la même conséquence future au niveau du mercato, pour la Formule 1 ?