Bernie Ecclestone est un homme d’affaire très connu du monde de la F1 aujourd’hui, mais entre 1972 et 1986, il a été propriétaire de l’équipe Brabham Racing Organisation et il a été redoutable dans les négociations avec ses pilotes. Son crédo ? Ne pas dépenser plus d’argent que nécessaire.
Lorsqu’il reprend au début des années 70 l’équipe de Jack Brabham, l’équipe n’est pas dans une bonne passe. Old Jack est parti quelques mois auparavant et Ron Tauranac ne peut plus supporter seul l’avenir du team, car il ne trouve pas assez d’argent pour boucler son budget. Fin 1971 il vendra donc ses parts à Ecclestone, autrefois connu comme l’agent du champion du monde à titre posthume 1970, Jochen Rindt, pour 100.000 livres sterling. C’est le début d’une nouvelle ère.
Les voitures seront conçues par un jeune ingénieur du nom de Gordon Murray qui doit développer des monoplaces peux coûteuses (il y a certains éléments en bois). Le modèle économique d’Ecclestone est simple : avoir un pilote payant peu cher (Carlos Reutemann) et un pilote payant à ses côtés assurant 75% du budget à lui seul. Ce sera le cas en 1973 et 1974. Pour 1975, Brabham signe avec Martini et dispose enfin d’un budget plus important, mais au niveau de McLaren, Ferrari et d’autres. Raison de plus, pour 1976, Ecclestone signe avec Alfa Roméo (qui expirera après la saison 1979) pour équiper ses monoplaces. Le budget monte alors à 3,5 millions de dollars et le duo Reutemann – Pace est payé environ 75.000 dollars chacun. Le premier quittera l’équipe pour Ferrari en 1977 contre un chèque de 350.000 dollars et le second perdra la vie quelque mois plus tard. Durant les années 76-77, le line-up Brabham ne dépasse pas 200.000 dollars, soit moins que le simple salaire de Nikki Lauda chez Ferrari alors. Pourtant, l’Autrichien signe pour Brabham en 1978 contre 500.000 dollars. Ce salaire augmentera alors à 750.000 dollars en 1979, avant que le futur triple champion du monde raccroche son casque, alors qu’il venait de signer un contrat de 2 millions de dollars par an pour 1980. Le budget alors est de 8 millions de dollars, soit l’équivalent d’un top team de l’époque.
De 1978 à 1982, le budget reste stable, mais un nouveau pilote arrive. Nelson Piquet était déjà aux côtés de Lauda en 1979 contre un salaire de 25.000 dollars. Le Brésilien touchera 40.000 dollars en 1980 et 50.000 en 1981, l’année de son premier titre. Le brésilien touchera aussi des primes pour courir dans des disciplines recommander par Ecclestone. Pour 1982, BMW devient le motoriste de l’équipe d’Ecclestone. Il faut convaincre Piquet de rester pour l’avenir. Ecclestone accepte d’augmenter le salaire du brésilien à 500.000 dollars par année, contre un engagement de deux ans (1982 et 1983). A l’époque un pilote comme Lauda touchait 4 millions de dollars par comparaison.
Le titre de 1983, va être l’occasion de renouveler l’accord Piquet – Ecclestone pour deux nouvelles années contre un contrat d’un million de dollars et 1000 dollars le point. Le budget de l’équipe se fixe alors à 12 millions de dollars de moyenne à partir de 1984/1985. Fort de deux titres de champion du monde, Piquet tente d’augmenter encore son contrat. Un pilote comme Alain Prost en 1986 touche un salaire de 4 millions de dollars chez McLaren. Ecclestone lui propose pour 1986 un contrat de 1,5 millions de dollars et 1500 dollars le point. Vexé, le brésilien signera chez Williams pour 3 millions de dollars de salaire et 10.000 dollars le point pour 1986 et 1987. Aux côtés de Piquet, Riccardo Patrese était un pilote ne coûtant presque rien, juste 150.000 dollars par année. Son salaire augmentera en 1986 à 375.000 dollars, au même titre que son équipier, Andréa De Cesaris.
En 1987, à bout d’intérêt, BMW se retire, Ecclestone est nommé vice-président de la Fédération Internationale de l’Automobile. Brabham sera vendue 5 millions de dollars et débutera une nouvelle vie. Son bilan entre 1972 et 1987 sera de deux titres pilotes (1981-1983), 22 victoires et 25 pôles positions. Pour comparaison, à l’époque de Jack Brabham, soit entre 1962 à 1970, le bilan était de 2 titres pilotes (1966 et 1967), deux titres constructeurs (1966-1967), 13 victoires et 14 pôles. Le bilan d’Ecclestone n’est donc pas mauvais.