Au-delà de l’aspect sportif, la Coupe du monde au Qatar a surtout fait parler pour les problématiques écologiques et politiques. Ahmed Arbib, spécialiste de l’anticipation de la gestion de flux, revient sur les erreurs commises par l’émirat en matière d’organisation.
« L’obtention de cette Coupe du monde est déjà une victoire. Le fait que les Qatariens arrivent à l’organiser en est une deuxième », expliquait il y a peu Jean-Baptiste Guégan, spécialiste en géopolitique du sport, au micro d’Europe 1. Les observateurs ont longtemps cru que le petit émirat du Golfe persique aurait du mal à organiser un tel événement. Mais, depuis le 20 novembre, tout semble se dérouler plutôt bien… ou presque.
Des tentes dans des villages de fans, des logements vétustes, des bungalows ou des chambres d’hôtel hors de prix… Au-delà de la réussite sportive de la Coupe du monde, l’organisation déçoit pour les supporters qui, pour certains, ont dû poser leurs valises dans un émirat voisin pour emprunter une des 160 navettes quotidiennes reliant Doha aux autres pays. Pour ceux qui sont sur place, un bateau de croisière permet d’accueillir 6 000 personnes. Des logements à 200 euros gérés par le comité d’organisation.
La politique a pris le pas sur la gestion de l’organisation
Ahmed Arbib, fondateur de la société 2A Entertainment, spécialiste du secteur du ticketing et de l’anticipation de la gestion de flux, se souvient des discussions à ce sujet avec des proches du dossier. « Nous avions émis l’idée de mettre en place des hôtels flottants, mais elle a été mal exploitée. Il aurait fallu en prévoir une dizaine et proposer des packages avec des concerts, des animations, des forfaits all-inclusive… », explique l’expert. Une vision qui aurait permis au Qatar d’éteindre rapidement plusieurs polémiques.
Selon The Economist, la Coupe du monde au Qatar est l’événement sportif qui aura été le plus gros émetteur de CO2 dans l’histoire. « Une meilleure gestion de l’accueil des spectateurs aurait permis de capter les supporters pendant deux à trois jours et ainsi de réduire l’empreinte carbone en limitant le nombre de navettes quotidiennes », affirme Ahmed Arbib qui ne comprend pas pourquoi le Qatar n’a pas mis 150 à 200 bus électriques à la disposition de son public ou des fan zones sur le port. Certes, vue de loin, la Coupe du monde est une réussite, alors qu’on s’attendait à des couacs. « Mais elle aurait pu être exceptionnelle si le comité d’organisation avait un peu plus anticipé », affirme Ahmed Arbib.
Gérer l’après-Coupe du monde
Le patron de 2A Entertainment est étonné des moyens mis à la disposition des agences de communication pour faire la promotion de l’événement : « Le Qatar a dépensé des millions d’euros pour faire du lobbying et répondre à des accusations liées à sa politique intérieure. De telles accusations, on n’avait pas vu cela depuis la Coupe du monde en Argentine ». Or, assure Ahmed Arbib, « miser sur un Mondial écologique, en multipliant les logements originaux, aurait été plus efficace. Le Qatar a raté sa stratégie d’accueil des spectateurs et sa communication, laissant la politique prendre le pas sur la gestion de l’organisation ».
La Coupe du monde se terminera le 18 décembre. Côté sportif, on retiendra indéniablement le nom de l’équipe qui soulèvera le trophée. Côté diplomatie, le Qatar aura fort à faire en service après-vente. Qu’adviendra-t-il des stades construits pour l’événement ? « Un seul stade se démonte, les normes imposées par la FIFA n’ont pas aidé, la Coupe du monde aurait très bien pu se dérouler avec un stade de moins », résume Ahmed Arbib qui se demande également si le championnat qatarien perdurera. « Ils ont fait venir quelques beaux noms du football et auraient voulu attirer les plus grands joueurs pour jouer dans des stades impressionnants, mais ces joueurs préfèrent aujourd’hui l’Arabie saoudite », affirme l’expert qui imagine, dans le petit émirat, les enceintes devenir des « stades fantômes » dans les années à venir.
Un commentaire
Ahmed Arbib, fondateur de la société 2A Entertainment, spécialiste du secteur du ticketing…
la grande blague: https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/un-de-prison-avec-surcis-pour-avoir-revendus-plusieurs-centaines-de-billets-de-concerts-sans-les-1513866566