Que retenir des informations publiées ce mardi dans le journal L’Equipe, sur la vente en discussion des Girondins de Bordeaux ? Qu’apriori, les négociations sont avancées avec un fond d’investissement du nom de General American Capital Partners (GACP), dont on ne connait pas grand-chose : ni son potentiel financier, ni l’origine des fonds qui doivent d’ailleurs être complétés. Ainsi présenté dans les colonnes du quotidien sportif, le projet ne rassure pas. Entre les coupes franches et les désirs exprimés qui tiennent parfois de l’hypothétique, c’est à se demander si c’est bien des Girondins de Bordeaux dont on parle. Un club historiquement fort en Ligue 1, bien ancré nationalement dans le paysage footballistique. Mais qui n’en reste pas moins « modeste », à l’échelle du Vieux Continent, avec des faiblesses à combler, avant d’envisager plus grand.
L’augmentation des droits de l’audiovisuel espérée dépasse toutes les prédictions
Il ressort en effet de l’enquête de L’Equipe plusieurs sources de questionnement. Notamment sur la capacité des futurs repreneurs à générer de l’argent. D’abord en espérant une augmentation des droits de l’audiovisuel, au prochain appel d’offre. Mécaniquement c’est certains, ils dépasseront le deal en cours à 726,5 millions d’euros, pour la période 2016-2019. Mais L’Equipe parle de 1,2 milliards d’euros souhaités, par le fond d’investissement. Un chiffre ultra-ambitieux (utopique pour ne pas dire impossible), qui hisserait la Ligue 1 devant tous les autres championnats voisins, à l’exception de la Premier League anglaise. A l’échelle du club, la télé rapporte une trentaine de millions d’euros par saison aux Girondins de Bordeaux. En précisant que la part distribuée par la Ligue aux clubs dépend de plusieurs choses, dont le classement sportif final et la notoriété, calculée sur le nombre de diffusions. Or le FCGB n’est pas une priorité des annonceurs qui lui préfèrent les plus gros PSG, OM ou les voisins OL et ASSE. L’effet nouveauté peut jouer, mais comme pour le LOSC cette saison, si les résultats déclinent, le souffle retomber vite.
Tailler dans les équipes de salariés et du groupe pro des Girondins de Bordeaux
Outre les recettes potentielles à tirer, dont certaines sont exprimées dans le dossier et semblent plutôt cohérentes, sinon évidentes (en agissant sur la billetterie, avec le e-commerce et la vente de joueurs, le Saint-Graal des investisseurs du foot), le sujet glisse aussi sur le côté des économies. Etonnant qu’il arrive si tôt dans une négociation, mais il est fait état d’une réduction des effectifs, du groupe professionnels et des salariés du club. Aux Girondins de Bordeaux, ils sont un près de 225, d’après les estimations d’infogreffe. Ça ne veut rien dire que de le comparer aux autres clubs de Ligue 1, car chacun a son mode de fonctionnement, ses prestataires qui n’entrent pas dans le décompte ou ses secteurs qu’il externalise. Mais il est toutefois juste d’écrire que les Marines en comptent plus (parfois significativement), que certains concurrents : le Stade Rennais (195), l’OM (165), l’OL (115) ou le LOSC (130). Si le but est de se rapprocher numériquement des ces équipes, des têtes vont tomber et tout ce temps à venir, jusqu’à la mise en place finale du chantier va être, au mieux une douloureuse transition interne, au pire un échec ; on ne peut pas vouloir la réussite d’un projet en changeant tout, y compris ses fondamentaux.
Tant sur l’origine des fonds que sur l’objectif visé, le projet n’est pas sans rappeler celui du LOSC
Enfin, le plus gros écueil du dossier lu ce mardi : l’argent, l’argent et encore l’argent. Sous toutes ses formes. C’est-à-dire d’où il sort, puisque le nom de Philip Anschutz, un milliardaire américain très impliqué dans le sport US vient d’être effacé des tablettes. Sans lui, que reste-t-il des fonds de GACP ? Entre 5 et 10 millions d’euros, qui doivent naturellement être complétés par d’autres investisseurs, à trouver, sinon à convaincre. L’investissement initial annoncé serait de 150 millions d’euros, dont 70M€ pour le rachat du club et 80 pour premiers investissements. D’argent encore, contrainte sera faite aux futurs acquéreurs d’en générer suffisamment, puisque c’est là tout le sens du projet. Quelque chose finalement d’assez semblable sur le fond, à ceux initiés par Gérard Lopez et les siens du côté du LOSC ou de Dmitri Rybolovlev, à l’AS Monaco. La différence (énorme) étant que le second investit son propre argent avec la totale liberté d’agir, tandis que l’homme d’affaire luxembourgeois repose sur des investisseurs, dans un registre assez proche de ce que veut Joseph DaGrosa, l’homme derrière GAPC.