Nous ne pouvions pas discuter du business de l’équipe cycliste AG2R La Mondiale avec le Directeur général du groupe, Yvon Breton, sans échanger aussi avec Vincent Lavenu, le boss de la structure cycliste professionnelle. D’abord parce qu’il est l’âme et le maillon le plus ancien du team, présent en ce moment sur les routes du Tour de France 2016. Et parce qu’en tant que dirigeant de l’équipe, il vit le quotidien de ses coureurs et voit ce qu’il se passe ailleurs.
Romain Bardet dans le haut des salaires, des Français présents au Tour de France 2016
Salaires, primes, ou marché des transferts, Vincent Lavenu a gardé une certaine réserve sur des chiffres souhaités confidentiels. Rien, par exemple, sur le salaire de Romain Bardet mais on devine à l’écouter, que les sommes qui circulent sur le cyclisme français (avec Nacer Bouhanni de la Cofidis, le mieux payé à plus de 1M€ brut par an et un Bardet à 750.000 euros environ par an) sont assez proches de la vérité. Sur les salaires, les cyclistes devraient pourtant n’avoir rien à cacher, car personne ne peut franchement les jalouser.
9.000€/mois, le salaire moyen d’un coureur de l’équipe AG2R La Mondiale. Un peu plus avec les primes
Chez les AG2R La Mondiale, le salaire moyen est de 9.000 euros brut par mois, pour des dizaines de milliers de kilomètres annuels sur la selle, dont plus de 3.500 à train d’enfer, sur les actuelles route du Tour de France 2016. C’est assez peu si l’on considère qu’une carrière chez les pros est à la fois courte et précaire.
Ils ont 3 semaines où on ne voit qu’eux, pourtant les annonceurs s’intéressent peu aux pros du vélo
Le paradoxe étant aussi que le Tour de France est chaque année l’une des manifestations sportives les plus suivies sur la planète alors que les cyclistes, pour les Français tout du moins, intéressent peu les annonceurs. Avec la génération montante, « ça viendra peut-être » prophétise Vincent Lavenu. Qui y croit d’autant plus que cela fait quelques années que l’effort est porté sur la formation, doublé d’un programme d’éducation. A l’exemple de Romain Bardet, pouponné chez les AG2, qui poursuit en parallèle ses études dans le management, à niveau Bac + 4. Les explications avec Vincent Lavenu…
Dites nous quel est le salaire d’un coureur de l’équipe AG2R La mondiale ?
Vincent Lavenu : C’est difficile de révéler les salaires de nos propres coureurs. Mais ce que je peux vous dire est que le salaire minimum d’un coureur AG2R, aujourd’hui est à 3.500 euros brut (2.900 euros net environ) par mois. Il y a une règle de la Ligue qui accepte moins, mais je considère personnellement, que c’est un minimum pour un coureur professionnel. Quant à la moyenne des salaires dans l’équipe, elle est à 9.000 euros par mois.
Comparé au reste du peloton, dans quelle fourchette situez-vous vos coureurs ?
Au même titre que la FDJ, on fait parti des salaires, plutôt dans la fourchette haute, même si le coureur français le mieux payé n’est pas chez nous. Mais par rapport à certaines équipes mondiales, on est bien en deçà.
Des coureurs professionnels dépassent-ils le million d’euro annuel ?
Pour certains. Dans les équipes étrangères. Mais je crois qu’en France, il n’y a qu’un seul coureur qui dépasse le million d’euros.
Comment fonctionnez-vous avec les primes gagnées dans les épreuves. Sont-elles, comme souvent dans le cyclisme, partagées entre vos coureurs ?
On appelle plutôt ça des prix de courses. Ils correspondent à une grille de prix organisée par le règlement UCI. Effectivement les prix de courses sont mis dans un pot commun et partagés entre les coureurs. Aujourd’hui, c’est même soumis aux charges sociales, ce qui n’est pas le cas par exemple, des tennismen.
Versez-vous des primes à la performance, en plus des prix de courses ?
Très peu. On a une petite grille de primes au sein de l’équipe qui, là encore est partagée en fin d’année. Mais ce n’est pas une prime franchement incitative.
Les cyclistes sont-ils financièrement bien traités, au regard des autres sports ?
Aujourd’hui, il y a le football, qui est loin devant tout le monde. Mais derrière le cyclisme fait parti de ces sports, avec le rugby notamment, qui sont bien organisés en terme de professionnalisation. Il y a le tennis, mais combien sont professionnels ? En cyclisme vous avez 180 professionnels. Même s’il y a dans le nombre des « petits » professionnels d’équipes départementales, ils ont un statut social, un salaire… Je pense que globalement le cyclisme n’est pas le plus mal loti.
On voit peu de cyclistes dans les pubs. Ne sont-ils pas assez bankable ?
Ça viendra peut-être, parce que je crois que les jeunes qui pointent le bout de leur nez ont des têtes bien faites, ils sont sympas et ils atteignent le très haut niveau. Il peut y avoir des marques qui s’identifient à leur personnalité. Chez nous Romain Bardet est quelqu’un de très haut niveau sportif et intellectuel, mais des gars comme Julian Alaphilippe et les jeunes qui montent, si demain ils gagnent des classiques ou autres, il y aura forcément des marques qui vont s’intéresser à eux.
L’été est aussi dans, tout sport, la période propice aux transferts. Dans le vélo, il débute quand le Mercato ?
Officiellement il ouvre le 1er août. Mais officieusement, il a déjà bien commencé.
Les contrats sont-ils signés sur une saison ? Ou sur l’année civile ?
En général ils sont passés du 1er janvier au 31 décembre, même si l’UCI réfléchit à changer la période de novembre à novembre.
Vous est-il permis, comme dans le foot par exemple, de débaucher un coureur appartenant à une autre équipe ?
Cela peut se faire, si il y a un accord tripartite, c’est-à-dire entre l ‘équipe quittée, celle qui l’accueille et le coureur. La durée des contrats, dans le cyclisme professionnel doit être en phase avec le contrat des partenaires. Je ne peux par exemple pas signer un coureur jusqu’en 2019, si j’ai un contrat avec le partenaire de l’équipe jusqu’en 2018.