Il reste comme l’agent absolu et le plus impitoyable de l’histoire de la Formule 1. Ayant débuté sa carrière en gérant pour le compte de l’agence IMG la carrière du tennisman suédois Bjorn Borg à la fin des années 70, il se dirigera vers la Formule 1 qui était alors marginale au sein de la principale agence de sportifs du monde. D’Alain Prost en passant par Ayrton Senna, Juan Pablo Montoya et Jacques Villeneuve il régnera sur les plus gros salaires de l’époque. Son nom : Julian Jakobi.
Julian Jakobi, l’agent qui est passé de Bjorn Borg au duo Prost-Senna
Tout débute au début des années 80 ou après l’arrêt de carrière de Borg, une réorientation s’impose pour Jakobi qui devient le poulain préféré du célèbre Mark McCormack, le fondateur d’IMG. Pourtant au grand désespoir de ce dernier, l’anglais fait le choix de la course automobile. Marginale dans l’agence, mais prometteur à moyen terme. Alain Prost se devait de signer dans l’agence où Jackie Stewart avait fait les beaux jours dans les années 60/70. Le tournant. C’est Jakobi qui négociera le contrat du français chez McLaren en 1984 et le fera augmenter de manière radicale jusqu’à atteindre les 4 millions de dollars en 1986. Cette année là, Jakobi, pour le compte d’IMG gère deux pilotes : Prost et un certain Ayrton Senna. Le brésilien touchera un salaire chez Lotus en 1987 estimé à 4 ou 5 millions de dollars. Mais c’est en 1988 que le coup ultime de Jakobi a été visible. Pour la première fois de l’histoire, un agent avait mis ses deux pilotes dans la même équipe. McLaren avait signé un contrat avec Alain Prost de 8 millions de dollars pour 1988 et 1989 et un contrat de 25 millions de dollars sur trois ans avec Senna. Du jamais vu. Prost quittera McLaren pour Ferrari en 1990 et signera un contrat de 36 millions de dollars. Senna continuera sa carrière dans l’équipe anglaise et touchera des salaires tout aussi importants. Sachant qu’à l’époque d’IMG, Jakobi ne touchait que 3% des salaires de ses pilotes, cette période lui rapportera 3.4 millions de dollars.
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Quand Alain Prost signe dans l’agent d’Ayrton Senna…
Le tournant arrivant en 1992, lorsqu’Ayrton Senna, soucieux de l’évolution de sa carrière, demande à Jakobi de s’occuper exclusivement de lui en échange de 15% de commission. Après une hésitation, un contrat de 5 ans a été signé et l’agence Ayrton Senna Group a été crée dans ce sens. Premier client extérieur ? Alain Prost pour son retour chez Williams en 1993 pour un salaire de 12 millions de dollars. A l’époque, Jakobi était un génie des contrats. Le cas du quadruple pilote français est un modèle. Viré par Ferrari fin 1991 mais toujours payé en 1992, il avait signé un contrat de deux ans avec Williams, mais n’en réalisera qu’une seule et sera malgré tout payé à hauteur de 50% pour la seconde. Un tour de magie qu’avait salué Ayrton Senna par une boutade : « trouve moi le même type de plan que tu as fait pour Alain, ce serait top pour moi. » Prost a touché 32 millions de dollars en trois ans, alors qu’il n’a couru que durant l’année 1993. En parallèle, Ayrton Senna avait demandé et obtenu 16 millions de dollars la même année de McLaren et avait signé un contrat de seulement 8 millions de dollars en 1994 et 1995 avec Williams. Il existait même un accord de 23 millions de dollars avec Ferrari pour une année seulement, signé courant 1993. La disparition du brésilien en 1994 mettra un coup d’arrêt à la seconde partie de carrière de Jakobi. Il restera pour le compte de la famille Senna jusqu’en 1995 avant de quitter ses fonctions et lancer FJA avec sa femme. Durant la période 1992 – 1994 il touchera 8.4 millions de dollars.
Mais le break ne sera que de courte durée. Un écossais du nom de Craig Pollock dispose d’un jeune pilote au nom très connu : Jacques Villeneuve et souhaite avoir le soutien de Jakobi pour négocier avec l’équipe Williams pour 1996. Là encore, c’est la première fois qu’un jeune pilote sans expérience signera un contrat avant son premier essai privé. L’acte devant prévenir d’une garantie totale de l’équipe envers le pilote pour le mettre dans de bonnes dispositions. L’astuce tenait dans une feuille volante que devait signer Williams et qui devait annuler le contrat. Après trois jours à Silverstone, cette feuille a été déchirée par Sir Frank Williams. Villeneuve va rester 3 ans dans l’équipe anglaise et obtenir le titre de champion du monde 1997 avant de partir pour l’aventure BAR en 1999. Notons que quelques mois après les débuts de Villeneuve en Formule 1, Jakobi lance avec Pollock l’agence Stellar qui à force d’expansion deviendra la deuxième agence anglo-saxonne de gestion de contrat du monde 10 ans plus tard. Une agence qui s’occupera de Sébastien Loeb durant un temps et de Juan Pablo Montoya. Ses parts sont estimés à 100 millions de dollars.
Jakobi, c’est 135M$ de revenus cumulés !
Via FJA, Jakobi gérait les contrats des pilotes de l’équipe Prost GP, ainsi que la carrière de l’espagnol Pedro de la Rosa. Toutefois via Stellar c’était la carrière de Juan Pablo Montoya qui allait remettre en lumière le génie du personnage. Insatisfait de sa situation chez Williams, le colombien souhaitait le même salaire de son équipier Ralf Schumacher, qui touchait alors 10 millions par année. En 2003, un désaccord entre Montoya et Williams va pousser Jakobi à faire signer son pilote chez McLaren pour un contrat débutant en …2005 ! C’était la première fois qu’un pilote signait un contrat 18 mois avant ses débuts. Malheureusement le duo Jakobi – Montoya va rompre ses liens en 2006, quand le colombien signera en NASCAR un contrat de 5 ans, alors que son agent négociait avec Williams pour un retour en 2007 et 2008. Une page se tourne. Aujourd’hui Jakobi est plus discret mais un des plus redoutables agents de l’histoire.
Au total nous pouvons estimés les revenus cumulé d’agent de Julian Jakobi à environ 135 millions de dollars entre 1982 et 2006.
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