La nouvelle a fait trembler le petit monde du handball féminin : le HandBall Club de Nîmes a déposé son bilan. Un choc représentatif du sport business d’aujourd’hui.
Quelques joueuses ont rendu les clés de leur appartement payé par le club. Certaines, étant sous contrat professionnel, regardent pour rebondir dans un autre club de LFH. Les employés n’ont pas été payés en février. Les 300 autres licenciés, jeunes, vont se retrouver sous la bannière d’une section féminine du club masculin de la ville de Nîmes : l’USAM. Au total le déficit est jugé à 340.000 euros pour un budget de 1,2 millions d’euros. Les membres du Conseil d’Administration étaient cautionnaires à hauteur de 200.000 euros et devront payer.
La stratégie du « donner pour recevoir »
La raison de cette dérive est facile à comprendre, due à la stratégie du « donner pour recevoir » qui s’est relevé comme un modèle économique de clubs depuis une dizaine d’années. En conférence de presse, le président démissionnaire du HBC Nîmes a expliqué qu’il a investi, en anticipant des recettes qu’il espérait. Investi pour créer un grand club, investi pour gagner des titres et anticiper la venue d’un important partenaire/mécène. Ce dernier, malgré de nombreux rendez-vous de part la France n’est jamais venu.
Le handball comme la Formule 1
A ce jeu, le Handball fait comme la Formule 1. Rendre l’équipe la plus séduisante possible pour qu’un milliardaire ou un constructeur la reprenne pour la développer encore plus et obtenir des titres. Cette stratégie du quitte ou double n’est que de courte durée. Environ 2 ou 3 ans. Au-delà le déficit devient un frein de développement et l’ensemble devient trop fragile. En Formule 1, l’équipe Lotus F1 Team a été de cela. Cumulant un déficit de 40 millions d’euros par année pour un budget compris entre 100 et 170 millions d’euros, selon les années. La reprise de Renault a été réalisée suivant des contre parties drastiques. Il existe aussi des clubs de Football européen qui ont fait la même chose, avec le même résultat. Souvenir des équipes de Bundesliga dans les années 90/2000 et les clubs ibériques dernièrement.
Une stratégie qui fonctionne si…
La stratégie du « donner pour recevoir » ne fonctionne que si elle est impulsée par un partenaire puissant. Le PSG avec le Qatar Sport Investment est un exemple marquant dans le domaine du football. Comme Manchester City avec Abu Dhabi. Il faut accepter d’essuyer durant trois saisons des déficits importants avant de récolter les fruits de ce que l’on a semé. Pour le supporter, il faut avoir des capacités financières, hors service bancaire, conséquentes. C’est ici la principale clé du succès de cette stratégie.
Le problème du modèle du Handball Féminin est qu’il tente de reproduire le modèle de Györ. Le club hongrois féminin, dispose d’une subvention de 450.000 euros de la Mairie, plus 450.000 euros d’Audi, qui dispose d’une usine dans la ville. Enfin, la licence des 700 personnes du club et 200.000 euros de sponsoring complémentaires lui permettre d’avoir un budget équivalent à celui de Nîmes. La chasse à l’équivalent d’un Audi dans les budgets est forte dans les clubs de LFH. En vain pour le moment.
Il fallait 450.000 euros pour terminer la saison 2015/2016, il manquait 200.000 euros à Nîmes. Une erreur stratégique qui doit définitivement servir de leçon et faire repenser à un autre modèle économique pour le Handball Féminin.