C’était un simple agent de sécurité. A Atlanta, le 27 juillet 1996, à minuit, alors que se déroulent les Jeux Olympiques d’été depuis quelques jours, Richard Jewell découvre un sac à dos suspect dans le Parc du Centenaire à proximité de la scène où se déroule un concert : il contient une bombe artisanale. Sans son intervention et l’ordre d’évacuation qui a suivi, le bilan de l’explosion, deux morts et une centaine de blessés, aurait pu être beaucoup plus élevé. Le lendemain, CNN retrouve la trace de ce héros anonyme et les médias en font une star. Il sera même invité à des compétitions olympiques par AT&T partenaire des Jeux et employeur de Richard Jewell.
Las, quelques jours après, le FBI l’arrête. Richard Jewell est suspecté d’avoir lui-même déposé la bombe sur la foi d’un profilage musclé. Il sera interrogé durant 88 jours avant d’être innocenté. Le véritable auteur de cet attentat, Eric Rudolph, proche des milices et mouvements religieux extrémistes, ne sera arrêté que sept ans après, en 2003. Trop tard pour Richard Jewell, qui restera pour beaucoup “le terroriste d’Atlanta.” Il mourra d’un arrêt cardiaque en 2007, un an après avoir été félicité officiellement pour sa bravoure lors des Jeux d’Atlanta.
Le film de Clint Eastwood, sorti en salle mercredi 19 février, suit le parcours de Richard Jewell. « On a décidé de s’attacher au point de vue de Richard et au binôme qu’il forme avec son avocat Watson Bryant, la première personne à le croire après sa mère, explique Jessica Meier, la productrice*. Selon nous, c’était l’angle le plus porteur ». Le cas Richard Jewell a été écrit d’après l’article “American Nightmare : The Ballad of Richard Jewell” de la journaliste Marie Brenner publié en février 1997 dans Vanity Fair, et le roman “The Suspect” de Kent Alexander et Kevin Salwen.
« On entend souvent parler de gens puissants qui se font accuser de choses et d’autres, mais ils ont de l’argent, ils font appel à un bon avocat et échappent aux poursuites, déclare Clint Eastwood, réalisateur*. L’histoire de Richard Jewell m’a intéressé parce que c’était quelqu’un de normal, un monsieur tout-le-monde. Il n’a jamais été poursuivi, mais il a été largement persécuté. Les gens se sont empressés de l’accuser ; il n’a pas pu échapper à ces accusations et pendant longtemps il est resté trop naïf et idéaliste pour se rendre compte qu’il devait sauver sa peau. »
« Tout le monde voulait résoudre l’enquête et les différents médias et agences de presse sont entrés en compétition les uns avec les autres pour être les premiers à le faire, poursuit Clint Eastwood. Beaucoup d’organisations de très bon niveau ont mal géré la situation quand tout cela s’est produit. Leur dilemme était que, s’ils ne résolvaient pas l’affaire rapidement, les Jeux olympiques dans leur ensemble en seraient impactés et ils perdraient les millions de dollars investis dans les préparatifs déjà réalisés ».
Le tournage du Cas Richard Jewell s’est déroulé à l’été 2018 à Atlanta et dans ses environs où les faits se sont déroulés. « Quand on raconte une histoire vraie, il faut la restituer en étant fidèle à la réalité », précise Clint Eastwood. La production a même disposé du Parc du Centenaire durant quatre semaines en pleine saison estivale, comme lors des Jeux. La structure événementielle de AT&T, le pavillon du sponsor que Richard Jewell était chargé de surveiller, a été reproduite à l’identique dans ses dimensions. Quant aux Jeux, ils transpirent dans le film avec seulement deux extraits : la cérémonie d’ouverture et la mémorable victoire de Michael Johnson sur 400 mètres que l’Américain a couru dans son style caractéristique, c’est-à-dire droit comme la raideur d’un agent du FBI.
(*) Extraits du dossier de presse
Article publié en collaboration avec SportBusiness.Club