Pendant que les voitures 2013 tournent sur le circuit de Jerez pour débuter la saison à venir dans les meilleures conditions, à Londres, Bernie Ecclestone a convoqué cinq équipes dans son bureau pour parler d’avenir. Une réunion importante et intéressante à plus d’un titre.
Les représentants de Marussia, Caterham, Sauber, Force India et Toro Rosso vont donc discuter avec l’argentier de la Formule 1. Une discussion sur l’argent et surtout sur comment économiser, avec l’idée d’imposer la voiture cliente à ces équipes de manière définitive. En effet, les deux soucis majeurs de ses formations sont : le manque de sponsoring et le prix du prochain moteur 2014, qui se situe entre 18 et 21 millions d’euros annuels (contre 8 millions aujourd’hui avec le V8).
Sur ce dernier point, l’équipe Sauber a demandé à la FIA que le prix de ses prochains V6 turbo ne dépasse pas 15 millions d’euros. Si Renault et Ferrari semblent ouverts à discuter le moyen de faire baisser la facture, Mercedes-Benz a déjà annoncé qu’il n’y aura pas d’avantages commerciaux sur son prochain moteur, ce qui bloque la situation en termes de tarification. Les constructeurs ont dépensé beaucoup d’argent (200 millions d’euros au total) pour mettre au point le nouveau moteur et souhaitent le rentabiliser dans les 5 ans, en se basant sur le business model du V8 actuel, né en 2006.
Reste que le principal souci est le manque de sponsors. Lotus F1 Team avait discuté avec le groupe Honeywell pour un sponsoring de trois ans contre 20 millions d’euros annuel. Les parties rouges de la R21 étaient destinées à mettre en valeur ce sponsor. En vain. Blackberry (démarché par Lotus aussi l’an dernier), est désormais visible sur les Mercedes W04 de Lewis Hamilton et Nico Rosberg. Les équipes de pointes sont réduites à prolonger à la baisse les sponsors qu’elles ont, pour éviter de les perdre, tandis que les équipes de milieu de grille sont dépendantes d’un modèle économique basé sur les pilotes payants ou des sponsors peu stables.
Force India ne disposera plus l’an prochain du soutien de Sahara Group, ce qui laissera un manque de 25 millions d’euros dans le budget de l’équipe. Sachant que les sociétés du propriétaire de l’équipe indienne, Vijay Mallya, sont en mauvaise santé ou vendues en partie, l’avenir repose sur des pilotes capables d’apporter de l’argent. Sauber reste dépendant de son sponsor Telmex qui impose un Mexicain au volant pour garantir son implication. Idem pour PDVSA et Williams qui est très dépendant de Maldonado et de la santé d’Hugo Chavez. Toro Rosso est dépendant de la volonté de Red Bull de soutenir encore sa deuxième équipe et le duo Caterham/ Marussia luttent avec le soutien de leur propriétaire (directement et indirectement) et des pilotes apportant des budgets importants. Bref la situation est prise au sérieux, elle est même grave. Certaines équipes sont prètes à vendre en OFF ou ouvertes à une prise de participation pour un investisseur.
Fort de ce constat, Bernie Ecclestone pourrait tout simplement, d’après nos informations, imposer définitivement la solution de la voiture cliente à ses équipes en lutte pour leur survie. En effet, cette idée a été inscrite dans la nouvelle convention des Accords Concordes (valable de 2013 à 2020), pour obtenir la signature de Ferrari et Red Bull Racing. Car si un moteur 2014 est très coûteux, la conception et le développement d’une monoplace complète a aussi un coût qui ne peut être amorti par les sponsors, les droits TV de la Formule 1 étant la principale source de revenus de ces équipes au budget de 100 millions d’euros environ (ils représentent 50 à 70% des revenus). Une voiture cliente est estimée aujourd’hui à 45 millions d’euros, tout compris (moteur, boite, KERS, châssis, développement). Et la simple conception d’une monoplace aujourd’hui coûte déjà 12 millions d’euros environ. Sans le développement, le prix du moteur etc…