A l’heure ou la COP26 ferme ses portes, une avancée majeure a été décidée : 40 pays ont accepté de supprimer progressivement le financement de l’énergie au charbon. Les États-Unis et l’Union européenne vont réduire les émissions de méthane d’au moins 30%, et 140 pays se sont engagés à inverser le désastre de la déforestation, d’ici 2030. Ces négociations ne sont pas toutes simples : la réticence de la Chine et de l’Arabie Saoudite à être totalement transparentes sur les données économiques est citée, au moment de la rédaction, comme un obstacle à un nouvel accord mondial sur les émissions. A l’heure ou le sport mondial, depuis 2018, prend conscience de son impact écologique et social en développant des actions de sensibilisation, mais également d’acte fort. Le moment est à l’accélération.
L’objectif principal est de 1,5 °C – la limite supérieure tolérable, pour que les températures mondiales dépassent les niveaux préindustriels. La planète a déjà été chauffée de 1,1°C et reste sur sa voie pour devenir beaucoup plus chaude, rapidement. Avec la fonte continue des calottes glaciaires polaires, le réchauffement des océans et l’élévation du niveau de la mer, et une accélération des conditions météorologiques extrêmes avec des conséquences sinistres.
Un constat glaçant
Un rapport de 2018, dirigé par le professeur Daniel Scott de l’Université de Waterloo, a révélé que sur les 20 villes ayant accueilli les Jeux olympiques d’hiver, 11 seraient climatiquement incapables d’organiser les Jeux d’ici 2080, sans une baisse majeure du taux actuel de rejets de gaz à effet de serre. D’ici 2050, des villes comme Sotchi, Grenoble, Garmisch-Partenkirchen et Chamonix seraient toutes inadaptées à une organisation. Il est intéressant de noter que la température diurne moyenne des sites olympiques d’hiver en février a augmenté au fil du temps – de 0,4°C aux Jeux entre les années 1920 et 1950, à 3,1°C au cours des années 1960 et 1990, et à 7,8°C lors des Jeux organisés au 21e siècle. Lors des Jeux de 2010 à Vancouver, des jeux de 2014 à Sotchi et des jeux de Pyeongchang en 2018, plus de 90% de la neige a été apporté pour la réalisation des compétitions.
Dans les prochaines décennies des sports seront menacés, à commencer par le Cricket, dont les équipes élites évoluent dans des régions qui seront fortement touchées par le réchauffement climatique, d’ici 2030 le calendrier changera pour cette compétition, selon les experts. Pire d’ici 2050, 23 des 92 stades de Football de Premier League et English Football League seront inondés avec la montée des océans. La pratique du sport en Australie devient aujourd’hui problématique avec une augmentation de 60% des jours dépassant les 40c° et s’empirera dans cette zone d’ici quelques temps.
Les fausses bonnes idées
Depuis 18 mois la digitalisation est active dans les fédérations et les clubs. Toutefois, les serveurs pour héberger, les applications, données, sites internet, images vidéos, boites mails etc… ont besoin d’être refroidit, tout comme l’industrie du textile, qui représente entre 8 et 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et jusqu’à 20% des eaux usées, selon l’ONU. Mais qui n’est pas comptée directement dans les effets de l’industrie sportive, tout en restant un fournisseur majeur, avec des pratiques qui, depuis une décennie, orientent vers une consommation de masse et non durable. Enfin, l’un des secteurs qui explose dans l’industrie sportive, est celui des cryptomonnaies et de la blockchain. Par exemple, les opérateurs d’Ethereum, la crypto-monnaie sur laquelle sont basées certaines plates-formes NFT, ont déclaré qu’ils tentaient de réduire leur consommation d’énergie de 99% au début de 2022. Pour l’instant, les crypto-monnaies comme Bitcoin, sont incroyablement énergivore. Un rapport publié en juillet dans le magazine Fortune indiquait qu’une seule transaction Ethereum, consomme autant d’électricité qu’un ménage américain moyen en une semaine de travail, avec une empreinte carbone équivalente à 140 893 transactions par carte de crédit Visa, ou 10 595 heures de visionnage de YouTube.
Les valeurs refuges qui ne seront que des façades
Depuis une décennie, la voile et les sports cyclistes ont été des valeurs refuges pour des sponsors souhaitant associer leur image à celle d’un sport propre. Mais ces deux activités arriveront aussi à un tournant. Les sports de voile utilisant les océans comme piste de course, auront de plus en plus de difficulté à concourir avec des eaux de plus en plus instable. Tout comme les sports cyclistes auront de grande difficulté à concourir sur les routes à cause d’une qualité de l’air médiocre.
Des petites actions qui font de grandes avancés
Des lumières LEED, l’utilisation de bio carburant ou de carburant plus propre (car les bios carburants rejettent beaucoup d’eau usées), l’abolition des plastiques à usage unique, le développement de support de communication recyclable. La vente en stade de produit sains.
En septembre, la rencontre Tottenham/Chelsea a été la première à zéro rejet, dans l’histoire de la Première League. La Green Sports Alliance, dont les organisations membres comprennent la NHL, la National Basketball Association (NBA), la Major League Baseball (MLB), ainsi que des universités, développe des projets communs. Les sports mécaniques deviennent désormais propre et dévoilent dans des rapports, que la majorité de leur rejet de CO2 est concentrée dans la logistique et le transport entre les courses.
L’industrie du sport est une contribution économique estimée entre 500 et 600 milliards de dollars, ce qui représente environ 0.8% du PIB mondial. Par comparaison l’industrie sportive est nettement moins intensive que d’autres secteur industriel, mais elle a un rôle culturel à jouer auprès des individus et doit épouser ses causes. Sinon, le sport tel que nous le connaissons aujourd’hui ne sera qu’un souvenir de livre d’histoire…