L’affaire de dopage qui secoue la Fédération russe d’athlétisme depuis quelques jours place l’IAAF (International Association of Athletics Fédérations) dans la position de la colombe blanche volant dans un ciel bleu sans nuage. Ce scandale n’est que le deuxième épisode d’une histoire qui secoue depuis plusieurs années la fédération internationale d’athlétisme.
Il y a douze mois, le journal l’Equipe révélait, dans un anonymat complet, que l’IAAF allait ouvrir une enquête interne sur une tentative de corruption de la part de la Fédération russe pour couvrir des cas de dopage de certains de ses athlètes.
L’IAAF et son partenaire russe…
Avril 2011, la deuxième marathonienne de tous les temps, Lilia Chobukhova est suspendue en raison d’un passeport biologique anormal. Sept mois plus tard, l’ARAF (la fédération russe) réclame à l’athlète et son entourage 450.000 euros, payés en trois fois, pour l’autoriser à participer aux JO de Londres 2012. La somme a été réglée, mais après un abandon aux Jeux et une grossesse en 2013, l’ARAF a changé son fusil d’épaule et demandé à sa championne d’accepter une suspension pour être autorisée à reprendre la compétition. Refus de Chobukhova qui réclame son argent.
L’affaire évolue alors sur un autre volet, plus influent celui là. Au coeur de l’hiver Russe, Valentin Balaknichev président de la Fédération Russe et trésorier de l’IAAF depuis 2011, rencontre à Moscou Papa Massata, fils de l’ancien président de l’IAAF, Lamine Diack. La banque russe VTB, la deuxième du pays et partenaire de l’IAAF depuis 2007 négocie son renouvellement pour l’après 2012. Sont en jeu plusieurs dizaines de millions d’euros pour une prolongation jusqu’en 2015. Ce qu’il s’est dit durant ces réunions est resté à la discrétion de ses participants. Toutefois, le renouvellement de la banque a été annoncé en mars 2012, avec une légère augmentation à la clé. Le prix du silence ?
Lilia Chobukhova fait plier l’athlétisme russe
Automne 2014, l’agent de Lilia Chobukhova dépose plainte et ouvre la boîte de Pandore. Plus tôt, au printemps, le laboratoire antidopage de Moscou a été mis sous contrôle de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), après avoir déjà failli perdre son agrément en 2013. En conséquence, plus de 60 athlètes russes, ont été suspendus par l’IAAF.
Dans la nuit du 10 au 11 Novembre 2015, le Comité International Olympique (CIO) a publié un communiqué de presse indiquant que Lamine Diack, l’ancien président de l’IAAF était suspendu de sa position de membre honoraire du CIO. En fermant les yeux, il aurait favorisé l’organisation d’une compétition économico-sportive parallèle à la réalité. Le rapport de 300 pages de l’AMA déposé le 10 Novembre est à charge. Les Jeux Olympiques 2012 ont été saboté par des athlètes russes qui auraient payé pour leur participation. Cinq seraient menacés d’une suspension à vie, mais au total ces 800 noms venant du monde entier qui sont dévoilés dans le document et le Kenya serait le second sur la liste prochaine du scandale.
Un parallèle troublant, enfin. L’affaire intervient au moment ou la banque VTB débutait les négociations pour renouveler sa participation au-delà de 2015 avec l’IAAF.