A l’exception d’un liseré jaune sur la manche pour rappeler que l’Américain est engagé dans la lutte contre le cancer, le maillot de l’équipe RadioShack dévoilé, en grande pompe ce mercredi, par Lance Armstrong, n’offre rien de très exceptionnel. Il est seulement le symbole de l’indépendance retrouvée du coureur américain qui n’aura plus à partager la vedette avec son rival espagnol, Alberto Contador. Entre les deux leaders la guerre d’ego a dépassé les mots. « Ce n’est pas nouveau » a encore dit Contador, en début de semaine, en réactions aux relations tendues qu’il entretenait avec Armstrong. « Je suis tourné vers le Tour 2010 et pas sur celui de 2009 même si j’admets qu’il m’a poussé dans mes derniers retranchements, psychologiquement et physiquement. » « Je n’ai jamais eu de rivalité aussi forte avec l’un de mes coéquipiers » a répondu l’Américain, ce jeudi, dans les colonnes de la Gazzetta dello sport en ajoutant subtilement qu’il prenait pour un « signe » le fait que douze de ses anciens partenaires de chez Astana l’aient suivi dans sa nouvelle équipe.
Et c’est là que l’on touche au cœur du problème car le propre de Lance Armstrong est d’avoir toujours su s’entourer pour affaiblir ses adversaires. Contador s’en inquiétait même en début de semaine : « Je suis réaliste et je sais que je dispose d’une équipe plus faible que les années précédentes. Pour cette raison, nous allons devoir mettre l’accent sur la motivation à l’entraînement afin que nous définissions nos objectifs et les moyens de les atteindre. » L’arrivée d’Oscar Pereiro – certes ancien vainqueur du Tour de France – n’est pas pour calmer les angoisses du madrilène, sur le point de partir voilà quelques semaines parce qu’il se sentait justement prisonnier de cette situation.
Surtout qu’à l’autre bout de la chaine, Armstrong n’a pas perdu de temps pas plus qu’il n’a changé quelque chose à ses petites habitudes. L’Américain s’est d’abord assuré du soutien de ses fidèles lieutenants de chez Astana, puis s’est efforcé de minimiser son influence – « Cette équipe n’a pas été bâtie autour de moi » – mais a finalement accepté l’évidence ce jeudi : « Certains affirment que ce sera impossible (de rivaliser avec Contador), moi je dis : nous allons voir. » L’Américain veut montrer, qu’à 38 ans il peut encore se hisser au sommet, prouver qu’il n’est pas un tricheur même s’il refuse d’adhérer au processus de l’agence antidopage car selon lui, « l’UCI (Union cycliste internationale) ou l’AMA (Agence mondiale antidopage) ne m’aime pas beaucoup. » Bref, Armstrong est tellement énigmatique qu’il est un énorme lièvre pour les publicitaires et surtout sa nouvelle équipe RadioShak.
Le recrutement ciblé sur toute la planète (16 pays des cinq continents sont représentés dont un Français, Geoffroy Le Quatre), traduit la volonté des décideurs de l’entreprise de composants électroniques, d’ouvrir au plus large, les horizons de diffusion. Il faut que RadioShak en jette et rien n’est laissé au hasard. Pour remporter un huitième Tour de France et entrer définitivement dans la légende, Armstrong n’a négligé aucun détail. Sa seule contrariété, Alberto Contador n’en est même plus une si l’on considère l’aveux de détresse du coureur espagnol : « Je sais que ce sera une année difficile et il est possible que je ne puisse pas gagner le Tour même si je suis en bonne condition. » Plutôt pessimiste le double vainqueur du Tour…
Cresus Tensile