
C’est la raison d’être de Decathlon dans le peloton des équipes du World Tour : faire connaître la marque et sa plus jeune division cyclisme Van Rysel. Comment mieux montrer le savoir-faire qu’en éprouvant le matériel sur les courses les plus exigeantes du calendrier, pratiquées par les meilleurs professionnels. Ce Tour de France 2025 est naturellement un événement majeur pour le fournisseur du team Decathlon AG2R La Mondiale. L’occasion pour Sportune d’en discuter avec Maxime Delabre, le responsable marketing de Van Rysel.
En quelle année la marque Van Rysel a-t-elle été créé ?
Maxime Delabre : En 2019.
Est-elle née par le rachat d’une marque existante ou a-t-elle été créée ?
Maxime Delabre : C’est une création interne. Son fondateur est un collaborateur de Decathlon. C’est lui qui a posé les bases du projet, avec déjà cette idée d’aller servir les pratiquants experts.
Comment êtes-vous entrés dans le World Tour ?
Maxime Delabre : Via le textile, en 2022-2023 nous équipions toute l’équipe Cofidis.
C’est un contrat d’exclusivité que vous avez avec Decathlon AG2R La Mondiale ?
Maxime Delabre : Non, au sens où nous pourrions fournir d’autres équipes. Par contre le team Decathlon AG2R La Mondiale ne roule qu’à l’exclusivité de nos produits. Cela inclut toute la panoplie. Nous sommes l’une des rares marques au monde, sinon la seule, qui intègre le vélo, le textile, les accessoires, le casque, les lunettes… Seules les chaussures sont des contrats individuels.
Vous ambitionnez d’être dans le top 5 mondial des marques de vélo les plus vendues ?
Maxime Delabre : Oui, tout à fait. L’objectif est clair : devenir une des cinq plus grandes marques mondiales de vélo. Cela passe par des produits d’exception. Nous devons être irréprochables sur tous les plans : design, performance, fiabilité, innovation… Pour vous donner un exemple, nous avons découvert un nouveau composant sur des chaussettes, qui nous a permis de gagner 7 watts. Cela ne paraît pas comme ça, mais 7 watts au niveau professionnel c’est énorme.
Actuellement, combien vendez-vous de vélos ?
Maxime Delabre : Nous ne communiquons pas de chiffre précis, mais la marque fait plus de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires, et nous sommes sur une croissance à deux chiffres. Donc ça avance vite.
Ce partenariat est-il quand même de nature à stimuler les ventes de produits ?
Maxime Delabre : Bien sûr. Quand nous sommes nés en 2019, personne ne nous connaissait. Nous avions à la fois un déficit de notoriété et de crédibilité sur un marché qui n’était historiquement pas le nôtre. Le World Tour nous a aidé à cocher ces deux cases. Les performances de l’équipe nous ont permis de montrer que nous n’étions pas juste un faire-valoir, mais que nous avions des produits de haute performance. Replacé dans le contexte quand, fin 2023 est officialisé le partenariat (de Decathlon avec AG2R La Mondiale, ndlr), l’équipe est 18e. A la fin de la saison, elle est sixième. Nous avons eu la meilleure progression de toutes les équipes du peloton.
Est-ce que l’association Decathlon/Van Rysel se fait facilement auprès du grand public ?
Maxime Delabre : Oui, bien sûr, car la majorité des points de ventes dans lesquels on peut trouver nos produits est chez Decathlon. Nous ne nous cachons pas de nos origines, nous en sommes très fiers. C’est une énorme force d’avoir le groupe derrière nous, puisque nous avons des outils industriels extrêmement avancés, une combinaison d’ingénieurs aguerris avec 25/30 ans d’expérience dans le carbone et en même temps des jeunes talents qui viennent avec des conceptions et des idées nouvelles.
Combien y a-t-il de salariés chez Van Rysel ?
Maxime Delabre : Nous avons une équipe R&D, une autre design, ainsi que toutes les équipes au marketing global, à la communication, la commercialisation… S’y ajoutent les collaborateurs déployés sur différents pays. Nous avons aussi une usine d’assemblage pour tous les vélos carbone à Lille. C’est à peu près environ 25 personnes qui travaillent sur nos vélos. Tout est fait à la main. Quand on met tout bout à bout, il y a un peu moins de 100 personnes.
Dans combien de pays êtes-vous présents ?
Maxime Delabre : Dans 70 pays à travers le réseau Decathlon. Désormais, nous commençons à développer des sites e-commerce dédiés à Van Rysel dans certains marchés. Par exemple en Allemagne, en Espagne, au Royaume-Uni, avec l’ambition de créer un lien direct avec le consommateur, de maîtriser l’expérience.
Combien de vélos fournissez-vous à l’équipe Décathlon AG2R La Mondiale ?
Maxime Delabre : Il y a environ 50-55 coureurs, entre les trois équipes. Nous sommes sur plusieurs centaines.
Vous les prêtez ?
Maxime Delabre : Oui, nous les récupérons à la fin de la saison.
Pour en faire quoi ?
Maxime Delabre : Les revendre. L’année dernière par exemple, nous avons permis à tous les fans de l’équipe de venir à Lille pour acheter les vélos de l’équipe. Cela offrait de rencontrer quelques coureurs et les concepteurs des vélos. Nous avons organisé une soirée avec un concert. Les clients étaient contents et cela nous a permis d’avoir leurs retours d’expérience.
À quel point le vélo fait la performance du coureur ?
Maxime Delabre : Il faut le demander aux coureurs, mais cela fait une différence de plus en plus notable. Je pense personnellement qu’il y a aussi une dimension psychologique. Si on a confiance en son vélo, psychologiquement, on se sent déjà plus rapide.
Le vélo de compétition est-il disponible à l’achat ?
Maxime Delabre : Exactement le même, il est disponible en magasin. On le trouve sous différentes versions parce que l’enjeu n’est pas de servir que les pros. Nous les développons d’abord pour eux parce que c’est là où nous voyons les contraintes, mais nous ajustons derrière chaque innovation en fonction des besoins des différentes typologies de clientèle.
Propos recueillis par Thomas Filhol