« Si vous demandez aux acteurs et actrices, ils vous répondront tous que c’est du sport ». Grégory Dorcel hésite. Avance que peut-être « Canal, la chaîne du foot et du « cul » » y est pour quelque chose. Mais à tout bien y réfléchir, il ne voit pas de véritable trait d’union entre l’univers du porno et celui du sport.
Comme souvent avec le directeur général du groupe Marc Dorcel, leader européen du marché du X, tout est plutôt question de rencontres. C’est ainsi, par exemple, qu’il explique l’insolite association entre son groupe, son égérie Anna Polina (lire en page suivante) et la moto n°69 de Hugo Payen sur les routes du prochain Dakar 2012. Ou encore la participation de sa marque au Football Club de Lorient…
Contrairement aux idées reçues, quand le porno s’unit au sport, ce n’est pas le premier qui drague le second. Mais l’inverse. C’est, du moins, ainsi que cela se passe chez Gregory Dorcel : on lui propose, lui dispose mais il se refuse à faire le premier pas. Parce que même s’il défend avec aisance trente ans de savoir-faire Dorcel, il sait mieux que quiconque le fossé qui sépare son activité de secteurs plus conventionnels. Cela vaut aussi dans le sport. Explications…
Expliquez nous votre présence au prochain Dakar ?
Tout est parti d’une belle rencontre avec Hugo Payen l’année dernière. L’organisation du Dakar lui avait attribué le numéro 69 qu’il a eu l’idée d’associer au Dorcel Store de Nantes. Il ne nous a rien demandé, si ce n’est de le soutenir pour « le fun ». J’ai répondu : « Oui, pas de souci ».
C’est là qu’il vous a bluffé…
Quand j’ai appris, en cours de route, qu’il faisait le Dakar sans assistance, qu’il courait toute la journée et le soir réparait seul sa bécane, et qu’en plus il prenait le temps de faire la promo de ses sponsors je me suis dit : « Ce type a de la moelle » !
Qu’avez-vous fait ensuite ?
On a trouvé sympa, aux trois-quarts de l’épreuve, de le soutenir financièrement pour le remercier. Le geste a été apprécié. Hugo a eu la bonne idée ensuite de terminer premier de sa catégorie avec notre coup de pouce en plus pour finaliser son aventure.
« 20.000 euros, pour nous c’est une somme importante »
Vous avez donc décidé de renouveler l’expérience ?
On s’est effectivement promis de l’aider, c’est chose faite. Nous sommes une petite structure, quelque part, ce type qui mène sa barque, qui se bat courageusement et avec lequel le courant est bien passé, on a forcément envie de l’aider.
Cette année votre participation est financière, à hauteur de 20.000 euros. Cela représente quoi pour vous ?
Pour nous, c’est une somme importante en sponsoring. Par nature, on ne fait jamais de campagne de sponsoring avec une participation financière.
Rien que pour la moto cela valait le coup, non ?…
C’est vrai qu’elle est bien, ainsi customisée. Je ne sais même pas comment Anna (Polina, l’égérie du groupe, ndlr) s’est retrouvée sur la moto. Nous avons zéro cahier des charges, zéro plan de comm… Même la promesse que l’on a faite à Hugo Payen, la saison dernière, on ne l’avait pas formalisée par écrit.
Avez-vous des contraintes en matière de communication ? Vous en fixez-vous vous mêmes ?
Nous n’avons aucune règle spécifique de communication. Mais l’on estime qu’il est de notre devoir de nous auto-censurer. C’est d’ailleurs pour ça que nous sommes appréciés, parce que nous ne cherchons que le côté sexy et non le sulfureux. Comme nous travaillons dans un secteur hors norme, on s’attache à être dix fois plus carré.
« Nous sommes le piquant qui vient pimenter la manifestation »
Retrouvez aussi notre interview d’Anna Polina
Franchement, aviez-vous imaginé faire les titres de toute la presse y compris étrangère avant même que ne débute l’épreuve ?
Les retombées sont énormes. Encore qu’en France nous sommes habitués à faire des campagnes de communication à fort impact dans les médias. C’est le cas à Cannes, dans les salons où lorsque l’on intervient dans des événements déjà bien établis depuis des années. A force s’installe un sentiment de routine et de lassitude. Pour beaucoup nous sommes, sinon la touche de fraicheur à tout le moins le piquant qui vient pimenter la manifestation.
Vous pensez que c’est le cas pour le Dakar qui peine de plus en plus à exister médiatiquement ?
Je serais tenté de croire qu’ils apprécient notre présence. Nous n’avons eu que des retours positifs même si nous ne travaillons pas en collaboration avec l’organisation de l’épreuve.
Hormis le Dakar, existe-t-il d’autres disciplines où vous pourriez être présent ?
On l’est déjà avec le rallye des Gazelles ou depuis peu, nous sommes partenaires du FC Lorient. A propos de Lorient, quand l’idée m’a été proposée, j’ai trouvé ça sympa. Ça m’amuserait d’avoir une équipe de foot ou de rugby qui fasse parler d’elle. Pourquoi pas si une belle rencontre se fait et qu’elle est assumée…
C’est-à-dire ?
Il faut que les valeurs que nous partageons et défendons en interne soient les même pour tous. Je trouverai « con » de faire du sponsoring et d’être honteux derrière.
« Quand le Stade Français fait des calendriers de nu il nous pique notre business »
Ces valeurs vous différencient-elles des Etats-Unis où le marché du sexe rebondi au premier scandale sexuel du type Tiger Woods ?
En France, nous avons le souci de respecter la vie privée. Avec DSK dernièrement, j’ai reçu quantité de projets que j’ai refusé. Déjà que nous faisons un business qui est hors norme, évitons en plus de porter atteinte à d’autres personnes.
…
Ce n’est pas, par exemple, parce que l’on sponsorise une moto que nous allons diffuser des film X sur le Dakar même si l’écho serait forcément plus fort. Le sexe est quelque chose de fondamental pour tout un chacun. Quand le Stade Français fait des calendriers de nu, quelque part il nous pique notre business (rire). Nous, on fait ce que l’on sait faire de mieux en faisant en sorte de le faire bien.
Pour conclure, serez-vous présent en Amérique du Sud pour le prochain Dakar ?
Moi je n’y serais pas mais Anna devrait y faire un passage. Je crois que cela sera beaucoup plus intéressant pour les motard et les journalistes d’avoir Anna que moi (rire). Et je devine que l’organisation du Dakar ne serait pas mécontente de sa présence.
Retrouvez aussi notre interview d’Anna Polina
Découvrez toutes les images du shooting photo avec Anna Polina et Hugo Payen, réalisé à l’occasion du Dakar 2012.