
« Des problèmes ? Il y en a plein. Tous les jours. » Comme une preuve de ce qu’il avance, Laurent Simon ne se départira jamais de son talkie-walkie, tout le temps qu’a duré notre échange. Régisseur du Tour de France pour France Télévisions, depuis la fin du siècle dernier, il sait que rien ne ressemble moins à une étape de la Grande Boucle, que celle du lendemain. Son job est de gérer des situations d’urgence, qu’elles soient logistiques, techniques, parfois insolites. Pour qu’in fine, le téléspectateur derrière l’écran n’en est jamais connaissance.
Chaque année, le groupe audiovisuel diffuse plus d’une centaine d’heures de direct, entre l’étape du jour, les podiums et l’émission d’après-course. Avec évidemment un lot d’impondérables, certains particulièrement mémorables. Laurent Simon en énumère : « Les camions embourbés dans les ornières, à la planche des Belles-Filles. » Ou, « l’année où nous devions arriver au Mont Ventoux (en 2016, ndlr), l’étape a été déprogrammée 24h avant. Toutes les fibres que nous avions tendues sont devenues inopérantes. Nous avons dû réduire toute la zone et remettre tout le dispositif. » Et encore « l’année (en 2012) où le shuttle est tombé en panne, que nous devions quitter l’Angleterre, et que deux heures avant, on s’aperçoit qu’il y a une caténaire qui a flanché. Tout le tour a été bloqué. »…
300 km en moyenne tous les jours pour se rendre aux étapes
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Aux grands maux, il y a toujours des remèdes. Sur un Tour de France, France Télévision déploie près de deux cents collaborateurs, le nombre pouvant varier selon les étapes et leur configuration. Ils se répartissent entre les zones de vie, techniques et de la course. Chaque jour un impressionnant cortège de camions (une vingtaine environ), des semi-remorques, porteurs, camion régie ou d’habillage se déploient sur l’étape, avant de vite converger le soir venu vers la suivante.
« Ça commence à peu près à 6 h du matin, les placeurs d’ASO vont taper au carreau des camions en leur donnant l’ordre de répartition sur la grille, parce qu’il y a un ordre assez immuable, entre les camions de la ligne d’arrivée, ceux qui sont purement ASO, plus le dispositif de l’énergie. Ils peuvent fournir l’équivalent des besoins, pour une ville de 5 000 habitants. » Une fois l’étape terminée, puis l’émission du Vélo Club passée, vient le moment de tout ranger. Il est aux environs de 19 h 30 quand la journée s’achève. Débute alors une longue procession d’environ 300 kilomètres quotidiens vers la prochaine étape. Et le lendemain, « c’est reparti pour un tour ». Une expression, vous en conviendrez, qui n’a jamais mieux été illustrée.