La situation autour d’Andretti Racing relève d’une forme de guerre froide, entre la Fédération Internationale de l’Automobile et le gestionnaire des droits commerciaux, Liberty Media, prudent sur l’avenir de la discipline.
Un discours qui ne passe pas
Mohammed Ben Sulayem a été très clair lors de la course américaine d’Austin au Texas, il y a une semaine : « Nous avons un contrat pour 12 équipes sur la grille. » Le président de la Fédération Internationale de l’Automobile a lâché son argument est sous couvert de multiples feux. L’augmentation des amendes (jusqu’à 1 million de dollars au lieu de 250 000 euros maximum), a fait réagir les pilotes. Si d’un côté, le Grand Prix Drivers Association estime que seuls 50% des pilotes de la grille ont les moyens de payer l’amende maximale, le président de la FIA, de son côté exprime sa logique : « Les anciennes réglementations datent de Jurassic Park (elles dataient de 12 ans). Un million, ce n’est pas quelque chose que nous voulons imposer. Pour l’éviter : respectez simplement les règles. » La FIA souhaite appliquer les règles, tout en faisant en sorte que les mentalités changent. Le paddock étant premier degré dans ses réactions, l’incompréhension est manifeste.
Le grand contournement
Liberty Media, après avoir esquivé durant la majorité du Week-End d’Austin la famille Andretti, a demandé lors d’une réunion à huit clos dans un hôtel quel était le degré d’implication de Général Motors (via la marque Cadillac), dans son projet. Un peu pour savoir la vérité sur cette alliance, beaucoup pour mesurer les motivations des uns et des autres. Liberty Media se cache derrière la réglementation estimant qu’un constructeur moteur propulsant un unique client, doit avoir la capacité d’en fournir un second, en cas de besoin. Alpine/Renault est dans ce cas. Tout comme Audi d’ailleurs. Il existe une dérogation d’une saison (2026) pour permettre au constructeur de s’installer avant d’en fournir d’autres. L’équipe Williams a déjà manifesté son intérêt pour Cadillac/GM à l’avenir. La pression monte. La logique de Liberty Media est de vouloir consolider les équipes actuelles économiquement.
La rumeur se répand que Cadillac est surtout un sponsor (estimé à 48 millions d’euros par saison), à la manière d’Alfa Roméo actuellement et Lotus il y a une décennie. Sauf que l’annexe 5 du règlement 2026 des moteurs, article 1.3.6, indique qu’un constructeur automobile sponsorisant une équipe, doit avoir l’accord du fournisseur de moteur tiers pour valider son projet. Au départ, le projet Andretti était propulsé par Renault/Alpine, mais ce dernier n’a pas renouvelé son contrat de fourniture. Le point mort est clair, car personne ne semble vouloir se manifester pour propulser l’équipe américaine en 2025. S’il n’y a pas de moteur, pas de Formule 1 pour Andretti, l’équipe américaine sera forcée d’avoir son propre moteur, repoussant alors son introduction à l’horizon 2026 et 2027. Une fenêtre d’opportunité pour une équipe comme Williams, qui ne serait pas contre séduire Cadillac afin d’en faire un sponsor, avec la bénédiction de Mercedes-Benz, son fournisseur moteur jusqu’en 2025.