Complètement hors-jeu lors de l’attribution des droits de la Ligue 1 pour la période 2020-2024 obtenus en grand majorité par le groupe ibérique Mediapro en 2018, Canal + vient de réussir un coup de maître lui assurant un avenir pérenne auprès des fans du ballon rond.
Une remontada en deux actes
Au bord du gouffre avec la menace de se retrouver sans aucune rencontre d’équipes françaises sur ses écrans, la chaîne historique du football en France se devait d’agir. C’est désormais chose faite grâce à une double acquisition menée en cette fin d’année. Le premier acte s’est ainsi joué fin novembre lorsque l’UEFA a rendu public les réponses à l’appel d’offres concernant l’attribution des droits TV de la Ligue des Champions sur la période 2021-2024. En décrochant le Saint Graal avec l’obtention du lot premium soit les deux meilleures affiches de la semaine (BeIN Sports disposant du reste des rencontres et TF1 de la finale en clair), Canal+ s’assurait de nouveau une attractivité primordiale tout en affaiblissant des concurrents potentiels (RMC Sport notamment). Une victoire certes mais qui a son prix car l’ensemble du lot se serait vendu à hauteur de 375 M€ par saison contre 315 M€ cette saison.
Non satisfait de se remettre à flot, le groupe de Vincent Bolloré s’est également distingué cette semaine en rachetant les droits de BeIN Sports sur la Ligue 1 pour la période 2020-2024. La chaîne cryptée retrouvera ainsi dès la prochaine saison le championnat de France à hauteur de deux matchs par journée. De quoi renforcer son offre sur le football et ainsi rassurer ses abonnés tout en faisant du pied à un nouveau public. Là-encore, il s’agissait d’une question de survie, pour laquelle la groupe français n’a pas hésité à mettre la main à la poche, puisque la transaction se situerait à hauteur de 330 M€ par saison.
Un marché ultra concurrentiel qui fait le grand bonheur des ayants droits
S’il est légitime de penser à première vue, que cette bataille sanglante entre diffuseurs serait une bonne affaire pour les consommateurs, il n’en est rien ! Et pour cause, dans une course où l’inflation est illimitée que ce soit pour les droits de de la Ligue 1 ou sur la scène européenne, les groupes audiovisuels se doivent de rentabiliser leurs investissements à court terme étant donné que les appels d’offres se renouvellent tous les 4 ans. Ainsi le prix pour diffuser la Ligue des Champions a connu une inflation de 600% sur les onze dernières années, et ce n’est pas près de s’arrêter avec l’arrivée permanente de nouveaux acteurs sur ce marché. Outre les contrats publicitaires juteux négociés avec les annonceurs autour de ces rencontres, les chaînes payantes se retrouvent ainsi contraintes d’augmenter le prix de leurs abonnements pour tenir la cadence. De plus, l’éclatement des droits télé contraint les passionnés à faire un choix lors de la souscription aux différents bouquets. Là-encore, Canal+ vient de frapper un grand coup en réunissant sous une même offre la Ligue 1 et le meilleur de la Ligue des Champions (une hausse de l’abonnement à venir ?). De quoi dégager d’un bon revers le ciel gris du côté de la chaîne cryptée au moins pour les 4 prochaines années. Une chose est sûre, ce nouveau rebondissement illustre à la fois la fragilité du business model des chaînes TV en France, mais surtout la toute-puissance des ayants droits, de surcroît lorsqu’il s’agit de football.
Un commentaire
La grande question est de savoir si Canal+ et Mediapro vont satisfaire les supporters au prix proposé… Cela ne semble pas être le cas pour le moment (au moins pour l’offre du groupe espagnol).