Ils n’ont pas le même maillot, ni ne jouent sur le même terrain. Mais leur degré d’exigence est identique, à des niveaux proches de l’élite mondiale. André Villas-Boas est de Porto et dirige aujourd’hui l’Olympique de Marseille, Léo Lombardozzi, inversement, a quitté la cité phocéenne, pour prendre ses quartiers au Portugal. A quelques éléments près, comme la culture de la gagne qui les habite, là s’arrête la comparaison entre le coach de football et le rookie français du poker.
Un Marseillais exilé à Porto pour sa carrière au poker
Léo Lombardozzi (alias Ya 2 ecoles, sur le digital) vit du poker depuis 2015, et il est passé pro chez Winamax par la « Top Shark Academy », l’année où l’opérateur de paris sportif et de poker, célèbre ses dix ans d’existence (voir ci-dessous). A 25 ans, il est devenu assez costaud pour décrocher un contrat de sponsoring, comme une petite trentaine d’autres que lui, en ont sur la planète. Et bientôt pour s’inviter à la table des plus grands, aux mondiaux de la discipline à Las Vegas. En 2020, la COVID l’en a privé. Ce n’est que partie remise.
Aujourd’hui bien structuré et entouré, physiquement et mentalement, il suit cette ambition en multipliant les formats de jeux et les rencontres physiques et/ou virtuelles. Il nous raconte son quotidien…
Comment devient-on joueur de poker ?
Léo Lombardozzi : C’est surtout une question de travail. Et d’affinités, selon les formats : tournoi, le cash game ou expresso. Il n’y a pas de licence pour te certifier : «joueur professionnel». Tu l’es quand cela paie ton loyer et ta bouffe. C’est pas comme au foot, une histoire de statut entre le monde amateur en National et la Ligue 2 professionnelle. Au poker, tu as des mecs qui vont se prétendre pros, alors qu’ils gagnent moins que d’autres qui ne revendiquent aucun statut. Tout est une question de considération. Maintenant que je suis sponsorisé par Winamax, aux yeux du grand public, je suis professionnel. Mais des joueurs sponsorisés dans le monde il y en a très peu, une trentaine.
Quelles sont les qualités nécessaires pour atteindre votre niveau ?
Léo Lombardozzi : Les qualités primaires. Il faut constamment se remettre en question, c’est important. Savoir que nous n’avons pas la science infuse, que nous faisons des erreurs, et qu’il faut ensuite les corriger. Les logiciels nous aident, l’entourage, s’il est compétent dans le domaine également. Il faut aussi penser à ce qui a été fait et expérimenter d’autres choses. Les gens ont la flemme de travailler dans ce milieu mais je les comprends c’est dur, le jeu nous prend du temps. Les émotions sont grandes.
Quel est le quotidien d’un joueur pro ?
Léo Lombardozzi : Il n’a pas trop changé depuis mon arrivée à Porto. Il y a juste l’école en moins. Je joue principalement en cash game, cela me permet de faire d’autres activités car les tournois sont longs et éprouvants. Je me dois de jouer tous les jours. Du moins j’essaie. Mais là pendant les vacances estivales, c’est plus compliqué.
La condition physique est-elle importante au poker ?
Léo Lombardozzi : Le poker fait que, tu es principalement sur le canapé, dans la même position pendant de longues heures. Il peut même arriver que tu manges devant ton ordinateur. Résultat : le sport va vraiment t’aider à garder une condition physique saine et va te permettre d’éviter les douleurs. Si tu regardes les meilleurs joueurs actuellement, ils ont tous des supers conditions physiques. Ce n’est pas dû au hasard. Moi, j’ai un coach perso. En ce moment, je tourne à deux séances de sport par jour. Le matin la muscu, le soir, le cardio.
Et le mental ?
Léo Lombardozzi : C’est un élément très important, probablement plus que le physique. Savoir gérer les moments les plus délicats, où rien de ce que tu entreprends ne fonctionne, lorsque la chance te tourne le dos ou que tu as du mal à maintenir tes objectifs, c’est pas donné à tout le monde.
Avez-vous un calendrier sportif dans le poker, avec des dates de tournois précises ? Quels sont les prochains grands enjeux pour vous ?
Léo Lombardozzi : Avec le coronavirus, tout a été annulé. Sinon, c’est comme le tennis. Nous avons notre grand Chelem, tous les ans. Ce sont les WSOP (World Series of Poker), qui sont à Las Vegas, tous les étés. C’est la compétition la plus prestigieuse, c’est comme la coupe du monde. Patrick Bruel a gagné un bracelet (récompense d’un titre mondial, ndlr), là-bas, en mai 1998, pour un gain de 224 000 $, soit plus de 190 000 euros. Ensuite tu as l’European Poker Tour (EPT), qui se joue que en Europe, qui est considéré comme une compétition très relevée. Et pour finir, les WPT (World Poker Tour), qui sont un peu moins médiatisés en Europe. On peut dire que le rêve ultime de la plupart des joueurs est de réaliser une triple « crown » (couronne), c’est-à-dire remporter ces trois compétitions. Ils ne sont que neuf à y être parvenu, dont Davidi Kitai, membre de l’équipe Winamax.
Combien de tournois disputez-vous par an, en moyenne ?
Léo Lombardozzi : Le plus possible. Je n’ai pas de nombre précis.
Quelles sont les plus grandes personnalités que vous ayez affrontées ?
Léo Lombardozzi : Je joue beaucoup sur internet, donc face à des pseudonymes. Mais, je sais que j’ai déjà affronté des champions du monde en ligne, comme Jérémy Saderne. Ou des joueurs de ma team Winamax, comme Ivan Deyra, vainqueur d’un bracelet WSOP en 2019. En réel, j’ai eu la chance de croiser Elky (Bertrand Grospellier), l’une de mes idoles lorsque j’ai commencé.
Quelle est la part de chance sur une victoire en tournoi ?
Léo Lombardozzi : Il en faut énormément. C’est dur à estimer en pourcentage. Sur un tournoi, si tu n’as pas de chance, tu ne gagneras jamais. Il y a cinq mille joueurs, imagine toi, tu dois être le dernier. Moi je joue plus en cash game, cela dure moins longtemps.
Que vous apporte le partenariat Winamax ? Devez-vous rendre un pourcentage de vos gains ?
Léo Lombardozzi : L’accès aux tournois. Et non, je ne dois rien. En contrepartie je représente la marque.
Combien de temps êtes-vous sous contrat avec l’opérateur en ligne ?
Léo Lombardozzi : Un an, renouvelable à la fin de l’année.
Vous souhaitez continuer sur la durée dans le poker ?
Léo Lombardozzi : Oui. Clairement, mon rêve depuis petit est de jouer seulement en réel, de laisser un peu de côté l’ordinateur. J’aimerais apporter mon savoir-faire à l’équipe Winamax.
Un joueur de votre pédigrée gagne bien sa vie ?
Léo Lombardozzi : À titre de comparaison avec le foot, je dirais l’équivalent d’un joueur de Ligue 2. Un joueur de Clermont, non ? (rire)
Combien de temps dure une carrière ?
Ça dépend. Il n’y a pas d’âge. Il y a des joueurs qui vont s’arrêter beaucoup plus tôt que d’autres. Ce qui va te dire : « Allez stop j’arrête », c’est la routine. Une genre de lassitude. Moi je suis au début, donc j’ai le temps (rire). Finir comme Rosberg en F1 serait cool quand même. Arrêter sa carrière sur un titre mondial… (rire)
Vous venez de Marseille, vous suivez l’OM, vivez à Porto et vous êtes professionnel au sein d’une grande équipe. Cela ne vous rappelle personne ?
Léo Lombardozzi : Villas-Boas, bien sûr. Il a une carrière atypique. Il est passé par des grands clubs, puis par des destinations plus exotiques. C’est un bon entraîneur, jeune, ambitieux, qui a sûrement été ralenti par ce trop-plein d’ambitions. Je me reconnais un peu en lui, J’arrive moi aussi à l’âge de la maturité (25 ans), comme Villas-Boas à l’OM!
Winamax souffle ses dix bougies
C’est le 8 juin 2010, que l’Autorité de régulation des jeux en lignes (ARJEL) a délivré à Winamax, l’agrément pour officier en France, sur les secteurs du paris sportif et du poker, en ligne. Sur la décennie écoulée, 4,8 millions de comptes se sont ouverts. Au poker, il s’est joué plus de 14 milliards de main et plus de 370 000 tournois. L’un d’entre eux – le High Five 2020 – a réuni 168 000 joueurs. Au total, plus de 1,6 milliards d’euros de gains ont été redistribués, sur l’année 2020.