lI y a 10 ans, le premier Grand Prix de Shanghai se tenait dans un circuit flambant neuf. L’objectif était alors de sortir ce sport de ses racines ancrées en Europe pour aller vers les marchés émergents. Il y a quelques semaines, Lewis Hamilton a remporté la onzième édition de ce grand prix qui est resté au calendrier sans discontinuité depuis 2004. La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : ce plan a-t-il fonctionné en Chine ?
Depuis 2000, la F1 s’ouvre au monde
A l’entrée du 21e siècle, le calendrier de formule 1 comptait seulement un pays parmi les géants d’Asie. Le Japon a été l’un des pionniers de la formule 1 avec son circuit accueillant à Tokyo les constructeurs depuis les années 60. La Malaisie complétait la tournée asiatique depuis 1999 puis se sont ajouté Singapour, la Russie et la Chine depuis 2004.
Le grand prix de Malaisie s’est développé pour devenir l’une des courses les plus populaires du calendrier auprès des pilotes mais surtout des fans locaux. C’est l’une des manches du calendrier rencontrant le plus de succès dans la région, principalement grâce à ses prix relativement bas ; le nombre d’expatriés européens dans sa capitale Kuala Lumpur et l’intérêt touristique du pays drainant les fans occidentaux de F1 à venir assister au grand prix avant de visiter le pays. C’est en fait là que le bât baisse pour les autres courses asiatiques, qui comptent sur les expatriés européens et les touristes pour garnir les foules souvent peu nombreuses pour ces étapes. C’est particulièrement vrai pour une épreuve du calendrier, qui était essentielle dans la stratégie de développement de la F1 : le grand prix de Chine.
La Formule 1 peine à trouver son public à Shanghai
Quand le grand prix de Shanghai a rejoint le calendrier annuel en 2004, le but assumé était de faire bénéficier la Formule 1 d’une audience globale, mondiale. Le circuit construit pour soutenir ce projet peut ainsi accueillir près de 200 000 personnes. Pourtant, force est de reconnaitre que l’évènement a bien peu soulevé les foules depuis sa création.
Le GP peine à trouver son public en Chine et les tribunes restent peu garnies. L’affluence a diminué de plus de moitié entre 2004 et 2009. Si 2010 a connu un pic inhabituel, avec plus de 150 000 personnes venus assister au retour de Michael Schumacher, le bilan est globalement négatif. En 2011, l’organisateur a même fait baisser ses prix de moitié (passant de 46€ à environ 25€) sans réel impact sur la popularité locale du grand prix.
Alors que la conception du circuit avait coûté près de 240 millions de dollars (le plus cher de l’histoire), le Grand Prix a bien failli être supprimé en 2009 en raison de ses pertes. Finalement un accord a été prolongé jusqu’en 2017, preuve de l’importance de cet étape dans la stratégie de développement de la Formule 1. Mais alors comment réussir à inverser la tendance et faire de cette étape du championnat du monde un succès ?
Développer la Formule 1 en Chine
Premier constat, la Formule 1 est un sport relativement nouveau en Chine. Avant de penser popularité, il semble donc important de parler de développer la notoriété, de mise en avant voir de pédagogie auprès de l’amateur de sport Chinois. Intensifier les efforts de communication autour de cette course mais surtout autours de ce sport dans sa globalité est essentiel, tout comme l’assurance d’une diffusion massives de toutes les courses du championnat.
On peut également penser que l’une des principales raisons aux difficultés de développement connues par la F1 en Chine est due au manque de participants locaux à la course. Il suffit de voir l’engouement suscité par Fernando Alonso en Espagne, Hamilton en Grande-Bretagne ou Rosberg et Vettel en Allemagne pour imaginer le succès populaire que pourrait engendrer la réussite d’un pilote national dans un pays aussi patriotique que la Chine.
Aussi, depuis la création du grand prix de Shanghai, le développement d’une team chinoise est en discussion, mais depuis 10 ans, peu d’évolutions positives ont été observées en ce sens. Pourtant, le marché chinois semble rester un marché essentiel pour le futur dans l’esprit des autorités, comme le montre l’intervention de Bernie Ecclestone dans les négociations en 2009. L’événement est sûrement à terme extrêmement bénéfique pour la ville de Shanghai, notamment pour l’industrie automobile de la région, le tourisme et l’image de la ville.
Les questions pour les 10 années à venir sont donc: verra-t-on bientôt un chinois se battre pour le titre de champion du monde de F1 ? Verra-t-on bientôt un team chinois s’imposer comme une référence technique sur le circuit ? A ces conditions, verra-t-on l’Empire du Milieu devenir une place forte du monde de la Formule 1, et le grand prix de Shanghai bénéficié du succès populaire et financier ? L’avenir le dira…
Par Thibaud André
Source:
http://fr.gbtimes.com/life/qui-profite-le-grand-prix-de-chine-de-formule-1
http://daxueconsulting.com/consulting-china/