Vous le saviez, vous, qu’un champion du monde de freeride prendrait le départ de la Transat Jacques Vabre 2019, ce 27 octobre au Havre ? Nous, non. Quelle ne fut donc pas notre surprise d’entendre son nom au mois de septembre dernier, dans la liste des skippers engagés, à l’occasion de la conférence de presse précédent la course. Pour nous, Aurélien Ducroz c’est d’abord le « Duc » de Chamonix, l’un des meilleurs skieurs de sa génération, une aisance animale sur les pentes les plus hostiles du monde, et une grosse paire… d’audace, pour oser s’y engager. C’est aussi et surtout un palmarès, riche de deux titres mondiaux au début des années 2010.
Des pentes les plus raides du globe, aux creux des océans, Aurélien Ducroz a fait le grand saut
Désormais le Chamoniard a changé de terrain de jeu de la montagne aux océans, mais l’excitation reste la même. La portée du défi est également proche. « Cette histoire a commencé en 2010. Sur un craquage », précise-t-il, comme s’il était lui même étonné de sa reconversion. Avec la prime gagnée aux Mondiaux, il s’est offert sa première voile. « Ce qui était un peu un délire en one shot, m’a passionné. J’ai finalement décidé de continuer. » A 37 ans, Aurélien Ducroz va disputer sa 3e Transat. Associé à Louis Duc, ils vont couvrir la course à bord de Crosscall Chamonix-Mont-Blanc, en catégorie Class40.
Déjà la troisième Transat Jacques Vabre après deux titres mondiaux de freeride
De sa première vie d’athlète sur les skis, il a gardé beaucoup de choses mais d’abord des sponsors fidèles. Crosscall, une entreprise de téléphones adaptés aux pratiques extrêmes et Chamonix Mont-Blanc, en titre sur le bateau, c’est lui. La marque Helly Hanssen pour équipementier de l’équipage, est aussi l’un de ses soutiens historiques. Lui emmène sa notoriété et ses sponsors, Louis Duc, son acolyte à bord, fournit le bateau. Ensemble, les deux skippers ont de l’ambition sur cette édition de la Jacques Vabre : « On a un super bateau, un bon équipage, si on arrive à le faire naviguer au maximum de ses capacités, ça devrait bien se passer. » Comprendre qu’ils visent les premiers rôles et secrètement une place dans le top 5. Ou mieux.
Même un champion de sa trempe éprouve des difficultés à réunir les sponsors
Si le plaisir est son moteur, la compétition et le besoin constant de progresser animent le quotidien d’Aurélien Ducroz. Sa « vie » de skipper, il la consomme avec la même délectation que sur les skis. « Cette transition opérée depuis déjà un moment est géniale. » Et d’ajouter, conscient que sa réalité n’est pas celle de tout un chacun : « Je passe l’hiver à la montagne, l’été sur les mers. C’est un calendrier rêvé. » Ça n’est toutefois pas sans quelques difficultés à surmonter en amont. Dans le meilleur des mondes, il prendra le départ du Vendée Globe l’an prochain et dans trois ans, celui de la Route du Rhum. Mais à la condition de trouver un sponsor premium, à la hauteur de l’investissement nécessaire pour partir. C’est parfois un défi aussi grand, que de braver les océans. Même pour une personnalité publique, suivie par près de 50 000 followers, au cumul des réseaux sociaux Facebook, Twitter et Instagram.