Son visage vous est peut-être familier. Surtout si vous jouez au poker. Antoine Vannini, alias « Ponce P », dans l’univers des cartes, est journaliste au service de la marque Winamax et l’homme à la présentation de « Poker Express », visible sur les antennes de M6 et W9 depuis 2020. Né pendant le confinement, le programme a permis le retour du poker sur un groupe de chaînes nationales. Depuis, il est toujours diffusé à différentes tranches horaires, mais Antoine Vannini espère une suite. Pas forcément sous le même angle. Explications…
Depuis combien de temps baignes-tu dans le poker ?
Antoine Vannini : J’ai commencé en 2007, j’ai joué longtemps, ça m’a permis de rencontrer les acteurs et j’ai rapidement commencé à commenter les parties pour les chaînes ou des sites. Quand j’ai arrêté de jouer, j’ai voulu reprendre un boulot un peu plus traditionnel, en 2017, je suis allé bosser avec Winamax en tant que journaliste rédacteur et rapidement j’ai proposé d’animer des émissions de streams en me servant de mes qualités prouvées par le passé. Ça a bien marché. A partir de là j’ai commencé à de plus en plus m’occuper de ces programmes, des parties commentées ou des vidéos plus techniques principalement. Je me suis un peu imposé comme celui qui était le référent à Winamax.
Poker Express c’est venu comment ?
Antoine Vannini : Pendant le confinement, les chaînes étaient demandeuses de programmes, du coup nous leur avons proposé le programme clé en main. C’était assez marrant à tourner, en un mois on l’a quasiment créé. Cela consistait à trouver les mains que nous voulions raconter, écrire le scénario et le retranscrire sur un format replayer web et les mains que je raconte apparaissent sur ce replayer, avec un environnement graphique qui est associé à Winamax. Nous avons commencé par vingt épisodes et au final, il y en a eu quatre vingt. Nous en tournions cinq à six par jour, une fois par semaine étalé sur un mois. Nous avions fait deux saisons et c’est depuis, les mêmes épisodes qui sont diffusés.
C’est toi qui est à l’initiative du programme ?
Antoine Vannini : Non, Poker Express est un projet né dans les services marketing de Winamax, qui voient passer cette demande de M6 et qui sautent dessus, car la discipline a disparu de la télé depuis un certains temps. C’est un programme très simple. Comme cela se fait en interne, c’est à moi que cela a été proposé. C’était important d’avoir quelqu’un qui comprend vraiment ce qu’il raconte, c’est moi qui écris les textes. Dans le poker ça se voit vite si tu fais semblant de comprendre. Le but était de sortir du jargon technique imbuvable très fréquent au poker et nous avions pour contraintes en plus, de ne pas parler d’argent, et évidemment d’éviter toute forme de jeux non responsable, qui peut avoir trait à l’addiction. C’était marrant à écrire, de trouver des formulations un peu universelle, qui s’adressent aux amateurs. Je suis habitué de part mon canal à parler à des fans de poker. Là, je devais m’adresse à des gens qui n’ont rien demandé, qui tombent sur le programme, avec pour but de leur faire comprendre l’intensité d’un coup, l’importance d’une river ou d’un call… Pour cela, il valait mieux quelqu’un qui s’y connaisse vraiment, quitte à ce qu’il soit un peu moins professionnel dans sa manière.
Quel est l’objectif de Poker Express et à qui cela s’adresse ?
Antoine Vannini : Nous avons pris le pari de nous dire que la plupart des gens connait le poker. Plutôt que de le faire découvrir, l’idée était de rappeler des histoires, ou des mains mémorables. Nous voulions piquer leur curiosité pour les faire venir sur les tables.
Le groupe M6 est-il le bon pour cela ?
Antoine Vannini : Je pense que oui, que ça leur correspond pas mal, car c’est un jeu dans la tranche d’âge de ceux qui regardent la télé. Les « jeunes », de 25 à 35 ans, qui sont la majorité de nos joueurs, regardent plutôt M6 que France Télévision.
Comment sont choisies les mains ?
Antoine Vannini : Je retrouve une main dans ma tête qui m’intéresse ou, quand je n’ai plus d’inspiration, je vais chercher des finales de Main Event, pour retrouver des coups spectaculaires. Nous aurions bien aimé en avoir plus online. Nous avions celle de Pierre Calamusa (professionnel du team Winamax, ndlr) qui, sur le plus gros tournoi de l’histoire à dix joueurs restants, gagne avec As/Roi contre As/As, pour un pot énorme et il finit deuxième du tournoi, pour 300 000 euros. Mais le online est limité avec les pseudos anonymes. Au lieu de cela nous sommes allés chercher dans la grande histoire du poker, avec les meilleurs coups des années 70, ceux de l’explosion du début des années 2000 et les plus techniques récents, avec les meilleurs joueurs qui s’affrontent entre eux. Une fois que l’on a retrouvé la main, nous essayons d’avoir le plus d’infos possible sur les blinds, ou les montants en jeu sur le tapis et nous rentrons le tout dans un replayer de Winamax.
Combien de personnes cela mobilise ?
Antoine Vannini : Nous étions une personne pour retranscrire la main sur le replayer, moi pour écrire et présenter, une pour filmer, une autre pour capter le son et une dernier pour chapeauter la technique.
Y’a-t-il une pression pour toi à l’idée de passer sur une chaîne nationale ?
Antoine Vannini : Non, vu que c’est moi qui écris et que je connais l’histoire, c’est assez simple. Le seul truc chiant est que j’avais un texte de 20 lignes que j’apprenais par coeur. Nous débitions tout d’un bloc, il y a juste un moment où l’on coupe pour basculer sur le replayer. Je n’avais pas de prompteur. C’est pour cela que nous étions limités au nombre de tournage par jour. Les premiers tu bégaies un peu, puis au fur et à mesure tu réécris en anticipant les problèmes que tu pourrais avoir, ce qui fait que sur les dernier tournages, ça roulait tout seul.
Est-ce que l’exercice t’as plu ?
Antoine Vannini : Oui c’était super. J’espère qu’il y aura une suite. Ce serait bien qu’il y ait une suite un peu plus travaillée. Je ne pense pas qu’il faille repartir de la même manière. Entre temps nous avons aussi développé un nouveau programme pour les paris sportifs, « 100% pronos », qui est aussi tourné en interne. On sait que nous avons les moyens de produire du contenu qui soit très télévisuel et qui fonctionne bien. Pour Winamax c’est un enjeu important, car ils ont plus de part de marché à conquérir sur ce domaine qu’au poker, où ils sont déjà les leaders. Ce qui participe d’ailleurs au fait que nous ne voulions pas apprendre aux gens à jouer au poker, mais plutôt à raviver la flamme.
Il n’y a plus beaucoup de poker à la TV…
Antoine Vannini : … Et ça manque. Nous diffusons aussi, sur W9 le samedi soir, « Dans la tête d’un pro » qui marche très bien. Ça marque le retour du poker sur les écrans et je trouve ça normal, car c’est quelque chose de très télévisuel.