Un peu plus de 47000 des 109637 socios appelés à voter se sont succédés, ce samedi 18 juillet, sous une chaleur de plomb. Peu après 23 heures, Josep Maria Bartomeu a été reconduit à 54,64% des voix pour un mandat de six ans qu’il veut placer sous le label de l’internationalisation du FC Barcelone.
L’homme qui avait permis à Sandro Rosell d’être élu en 2010 et qui avait embrassé ses fonctions le 23 Janvier 2014 suite à la démission de son mentor, avait convoqué une élection anticipé. Pour mieux assoir le précédent bilan et proposer une continuité plébiscitée par les socios.
Pendant le mandat Rosell/Bartomeu, le budget a progressé de 26% passant de 405 millions d’euros en 2009 – 2010 à 509 millions d’euros pour la saison 2014- 2015. Mais c’est la signature avec le Qatar Sport Investment (QSI) pour un total de 170 millions d’euros sur cinq ans qui a fait entrer définitivement le FC Barcelone dans le sport business.
Bartomeux veut internationaliser le FC Barcelone
La victoire de Bartomeu, auréolé d’un triplé Liga – Coupe du Roi – Ligue des Champions est donc logique. Si sportivement l’identité catalane est préservée, cette victoire montre une internationalisation du FC Barcelone. L’ADN du club étant la formation, le centre de la Masia sera la base du projet sportif. Douze joueurs ont renforcé l’effectif avec cette politique. De quoi satisfaire les socios car l’identité du club ne sera pas perdue.
Mais c’est surtout l’aspect économique qui nous intéresse à Sportune. Au cours des cinq dernières années, le bénéfice cumulé du FC Barcelone était de l’ordre de 130 millions d’euros. Le plan de Bartomeu est surtout d’atteindre 1 milliard d’euros de chiffre d’affaire pour 2021. Du jamais vu.
L’objectif majeur de l’équipe dirigeante est de faire du FC Barcelone le club le plus puissant du monde et franchir la barre mythique et jamais atteint par aucune organisation sportive : celle du milliard d’euros de revenus.
Renouveler les accords commerciaux et le contrat d’équipementier
Pour ce faire, la nouvelle équipe considérera comme prioritaire le renouvellement de ses deux accords clés. Attaqué pour ses liens avec le Qatar par ses rivaux à la candidature, Bartomeu avait signé un pré accord avec QSI pour prolonger de trois années l’aventure sur le maillot blaugrana contre 60 millions d’euros par année environ. L’accord sera officialisé d’ici quelques semaines, selon toute vraisemblance.
L’autre programme majeur étant le renouvellement du partenariat avec l’équipementier. En négociation avec Nike depuis le début de leur mandat en Janvier, l’équipe du nouveau président souhaite faire monter hautes les enchères. La marque américaine débourse environ 30 millions d’euros (sans les primes) mais le club blaugrana vise surtout un accord similaire à celui d’Adidas/Manchester United, soit environ 90 à 100 millions d’euros par année. La tension monte entre les deux parties, mais la marque américaine pourrait suivre.
La base financière serait à 60 millions d’euros en plus de primes à la performance, sportive ou commerciale. Soit un contrat mélangeant ce que la société américaine a conclu avec l’Inter Milan il y a 18 mois et ce que Manchester United a obtenu d’Adidas. L’ensemble ne devrait pas dépasser une décennie contractuelle.
Un nouveau partenaire, vraisemblablement asiatique (selon nos informations, il pourrait s’agir du groupe japonais Rakuten), ajoutera 20 millions d’euros pour le parrainage du maillot d’entrainement du Barça. Ainsi ces trois contrats cités permettront d’obtenir environ 170 à 180 millions d’euros par saison.
L’autre levier est les droits TV. Auparavant, le club catalan, comme son rival madrilène pouvait vendre individuellement ses droits. Ce ne sera plus le cas, car la Telefonica a signé un chèque de 600 millions d’euros par an. Toutefois, pour satisfaire tout le monde, le Barça conservera ses revenus pendant 6 ans, soit 152 millions d’euros minimum par saison. En parallèle, le club a signé un accord de 4 ans avec Telefonica pour sa chaîne Barça TV et dans la foulée un accord avec IMG pour distribuer dans le monde le contenu de sa chaîne. Avec cet accord, le club espère 90 à 125 millions d’euros de revenus supplémentaires.
Et puis le sponsoring régional. L’ambition est de dépasser Manchester United qui comptait 38 partenariats en 2013 – 2014 pour un total de 35 millions d’euros alors que le FC Barcelone en a 19 qui lui rapportent 20 millions d’euros par an. L’ambition étant de recueillir autant d’argent avec ce type de partenariat qu’avec le contrat Qatar Airways. Commercialement le FC Barcelone devra franchir la barre des 300 millions de revenus sponsoring pour parvenir à ses objectifs.
Le marchandising et l’augmentation des socios résultant d’un effet de levier des projets cités plus haut, le milliard pourrait être atteint ou être proche d’être atteint à l’horizon 2021.
La victoire de Bartomeu est intéressante, car elle est à comparer à la défaite de son rival, Joan Laporta. Tandis que le vaincu prônait un retour aux valeurs Catalane pour développer son économie, le vainqueur proposait d’internationaliser le club économiquement afin que ces mêmes valeurs Catalane soient exposées en modèle de puissance, tout en restant fidèle à ses valeurs sportives via la Masia. Sa victoire est finalement subtile mais logique.