Leur façon de faire n’est pas bien accepté dans un monde ovale qui refuse les mouton noirs. Ambitieux présidents du Metro Racing et du RC Toulon en Top 14, Jacky Lorenzetti et Mourad Boudjellal ont répondu ce vendredi dans les colonnes du 10 sport (*), aux critiques qu’ils soulèvent quand ils dépensent plus que d’ordinaire sur le marché des transferts. Nourris par un projet commun de conduire tôt ou tard leurs équipes respectives sur le toit du championnat de France de Top 14, Lorenzetti et Boudjellal se disent incompris de la grande famille du rugby, mais ils jurent qu’ils ne feront pas machine arrière, confortés qu’ils sont l’un et l’autre, pas les excellents résultats de leurs protégés.
Dans ce registre, Mourad Boudjellal ne manque d’ailleurs d’aucun argument. « J’ai l’impression que depuis qu’on est arrivé avec Jacky Lorenzetti, certains se sont rendus compte que le rugby était devenu professionnel« , balance l’homme d’affaire toulonnais. « Ce qui est honteux, c’est de faire le pauvre alors que l’on est riche », dit-il encore, fidèle à sa franchise naturelle, la même qu’il emploie pour se payer un peu plus tard la tête de l’ancien président de la Ligue : « Serge Blanco dit qu’avant d’ouvrir sa gueule, il faut avoir un palmarès. Il a raison. Il y a quelques jours, j’ai eu un président de Pro D2 au téléphone. Il m’a dit qu’il venait de faire un chèque d’un million d’euros pour son club à la DNACG. Il m’a précisé qu’il avait entamé le capital familial. A celui-là, peut-on dire qu’il faut un palmarès pour l’ouvrir ? Je ne crois pas. »
Plus mesuré mais tout aussi décidé, Jacky Lorenzetti acquiesce en répondant qu’avec l’ancienneté du Racing, il n’avait « aucune leçon à recevoir de personne en terme de légitimité » tout en rappelant les conditions de son arrivée à la tête de la structure : « Quand j’ai repris le club, le Racing était au fond de la Pro D2. Il fallait faire vite car y rester coûtait très cher. Aucun jeune français ne voulait venir. Les jeunes préfèrent rester dans les gros clubs. Aujourd’hui, ça change. » Et ce changement, c’est justement celui que tentent de faire accepter Lorenzetti et Boudjellal. Argent et rugby feraient donc bon ménage, surtout pour le président du RCT qui note que « 450 millions (le) séparent de Jacky Lorenzetti ce qui n’est pas anecdotique ». Si peu d’ailleurs qu’à la question de savoir si le Racing et Toulon seront deux des clubs phares dans les années à venir, Boudjellal répond sans hésitation : « Pour le Racing c’est certain. J’entends le président de la Ligue dire qu’il a mis un salary cap pour empêcher un milliardaire d’investir dans le rugby, c’est trop tard. Il y en a déjà un ! Le Racing peut-être le club dominant les prochaines années. »
(*) Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans l’hebdomadaire du 10 sport dans tous les kiosques.