A 31 ans, il n’est pas encore tout à fait l’heure, pour Mathias Pogba, d’abandonner définitivement le football, en tant qu’activité professionnelle principale. Mais quand le moment sera venu, l’actuel joueur de l’ASM Belfort, ne sera pas pris au dépourvu et moins encore dans la spirale, négative, de celles et ceux qui n’ont jamais pensé la suite. Le grand frère du champion du monde, Paul, a déjà sa propre reconversion en tête, qu’il mêle à celle des autres, depuis qu’il a lancé, avec Adrien Nsomoto (son cousin également footballeur), l‘association Golden Score. Son but ? Aider les athlètes à préparer et anticiper leur futur professionnel. Mathias Pogba nous raconte…
Quand vous êtes-vous posé, pour la première fois, la question de votre propre reconversion ?
Mathias Pogba : En 2018. J’ai eu une longue blessure au tendon d’Achille, avec douze mois de convalescence. Et quand, pendant un an, tu es cloué dans ton lit à ne rien faire, tu peux te poser mille question. Ça m’a mis une bonne gifle, c’est là où je me suis dit que le football pouvait s’arrêter et que je devais penser à l’après.
C’est à partir de là qu’est née l’idée de Golden Score ?
Mathias Pogba : A ce moment là, c’était juste dans un coin de ma tête, j’avais d’abord l’espoir de revenir au plus vite sur les terrains.
C’est un projet qui vous occupe à temps plein ?
Mathias Pogba : A temps plein, pas forcément, mais cela m’en prend énormément. Depuis juillet je suis dessus, et là enfin, c’est parti. Pour de bon.
Concrètement, comment intervenez-vous ?
Mathias Pogba : Dans un premier temps, en sensibilisant un maximum de sportifs et sportives. Et ensuite, en leur proposant des formations, dans ce qu’ils veulent entreprendre. Nous voulons être la relation entre les athlètes et les entreprises. Il y aura une carte d’adhérent, si tu veux vraiment te projeter dans le monde professionnel, nous, nous serons là pour te donner les renseignements et te guider là où tu veux aller. Il faut que, quand les athlètes viennent, nous ayons les réponses à leurs demandes.
Comment sont-ils recrutés ?
Mathias Pogba : A l’inauguration, c’est nous qui allons les chercher. Comme nous, sportifs, nous sommes concernés par une seule et même chose, pendant plusieurs années, si on ne vient pas les gratter un peu, c’est compliqué qu’ils viennent vers toi.
Comptez-vous beaucoup d’adhérents depuis le lancement ?
Mathias Pogba : Nous en avons une trentaine. Il y a un début à tout, mais à partir du moment où tout est carré, je pense que cela va suivre.
Quel est leur type de profil ? Sont-ils plutôt des footballeurs ?
Mathias Pogba : Il y a de tout : cyclistes, judokas, footballeurs, basketteurs…
Et les entreprises partenaires, combien en avez-vous et sont-elles réceptives au projet ?
Mathias Pogba : Oui, elles le sont. Nous en avons déjà cinq et pour les autres, certaines hésitent. On les comprends, c’est notre travail qui fera le reste. Sur le long terme, je pense qu’ils vont tous suivre, car c’est un « win-win », pour tout le monde.
L’objectif derrière tout cela est de rapprocher les deux mondes, en organisant notamment des séminaires ?
Mathias Pogba : Exactement. Pour le commencement, nous prévoyons d’organiser un tournoi de basket, en invitant les entreprises et nos sportifs. C’est en organisant des petits events, comme cela, tout en se faisant plaisir, que l’on y arrivera.
Donnez-nous des reconversions réussies, que vous aimeriez prendre en exemple ?
Mathias Pogba : Mathieu Flamini, Martin Braithwaite, Lassana Diarra, que je sais très discret, il a lancé une marque de boissons énergisantes et une de sapes ; également Djibril Cissé, ou Nicolas Anelka et Kinglsey Coman qui développent leur marque de vêtements. Ou moi, car j’ai mon propre « barber » depuis 2019, et là je suis en train de monter mon agence de marketing et de conseil sportif. Ça, je le fais avec mon frère jumeaux (Florentin, ndlr).
Ces athlètes que vous venez de citer, comptez-vous les faire venir dans le cadre de Golden Score ?
Mathias Pogba : J’aimerais, mais ils sont compliqués à mobiliser. Il n’y a que Flamini que je n’ai pas eu encore, sinon les autres n’étaient pas forcément disponibles.
Combien d’années vous donnez-vous avant de ranger définitivement vos crampons ?
Mathias Pogba : Je n’ai pas de limite. Tout va dépendre de ce qu’il se passe.
Propos recueillis par Thomas Filhol