Dévoilé dans l’été, ce n’est que ce samedi soir face à l’Afrique du Sud, que l’équipe de France masculine de rugby à XV va porter le maillot, produit par Le Coq Sportif. Le premier d’un partenariat de cinq ans, qui marque le retour de l’équipementier aubois avec les Bleus de l’ovalie. Pour célébrer cette union, Le Coq Sportif a récemment convié médias, partenaires et membres de la Fédération et des équipes de France, dans ses ateliers à Romilly-sur-Seine. L’occasion pour nous d’échanger avec Patrick Ouyi, le responsable communication de la marque.
Cette première tunique dédiée aux Bleu(e)s, sa production, ses contraintes et les premiers indicateurs de tendances : sur huit mois de travail nécessaire à son élaboration, il y a forcément à dire à propos de ce maillot, à dominante de bleu à domicile et blanc à l’extérieur. Plus largement Le Coq Sportif est un groupe qui monte sur le marché concurrentiel du textile de sport. Outre le rugby, la marque est associée au foot, au tennis, au cyclisme, à la boxe… Un panel de compétence large, mais assumé car il est dans l’ADN de la marque, anciennement l’une des plus importantes de son secteur, dans les années 70.
Quelles étaient les exigences de la Fédération française de rugby pour ce premier maillot ?
Patrick Ouyi (dir comm’ du Coq Sportif) : Il n’y a jamais eu d’exigence au sens de : « ça, ça n’est pas contournable ». Et ça n’a jamais été compliqué, au sens négatif du terme. C’est une belle histoire avec la Fédération, nous essayons de nous comprendre et d’échanger. En tant que partenaire, nous sommes en droit de leur demander, ce qu’ils attendent. C’est toujours la posture que l’on prend. Les exigences ont été de faire un produit fonctionnel avant tout, mais de raconter une histoire qui a du sens par rapport à la FFR. Le souhait de la « fédé » était de prendre en référence les maillots du début du 20e siècle, en leur donnant la modernité des matières et des finitions d’aujourd’hui.
L’héritage, c’était le thème en fond de travail ?
C’était le brief de départ commun, en effet. Le Coq est une marque authentique, avec un héritage qui est très fort et de l’autre côté de la Fédération, les traditions le sont également. Tout le travail consistait à mélanger cette authenticité avec de la modernité. Ça a pris du temps, parce que c’est un chemin tortueux, qui aujourd’hui séduit fortement les fans.
Pourquoi le bleu pour couleur principale ?
Sur le maillot domicile, c’est une obligation pour la France. Le bleu est la couleurs déclarée par la FFR. Sur la tenue officielle de rugby, le haut est bleu, le short est blanc et les chaussettes rouges. On peut changer cela, avec l’aval de la Fédération. Ça n’a pas été notre souhait, c’est le début du partenariat, on aura le temps d’innover. Le deuxième maillot (modèle extérieur, ndlr) est blanc.
Est-ce différent de produire un maillot de foot et un de rugby ?
Très différent, le rugby est un sport de contact, il est très recommandé d’agripper son adversaire et le plaquer si on peut. Au foot, c’est l’inverse. Donc la construction même, notamment des zones de résistances et des coutures, est complètement différente. Ce n’est pas forcément la même matière. A chaque fois nous sommes obligés d’adapter la matière et les finitions. Ce que l’on appelle finitions, ce sont les coutures, les cols et le « fit » également, où comment le maillot épouse les formes du corps. Dans le rugby, il faut que le maillot soit le plus proche possible du corps, pour qu’il ne puisse pas être agrippé et que les mains ne tiennent pas sur le maillot. C’est ça l’objectif. Cela a clairement fait partie du cahier des charges.
Combien de temps faut-il pour faire un maillot ?
On essaie de ne pas se laisser enfermer dans un calendrier automatique, mais sur ce maillot, nous avons travaillé quasiment huit mois ensemble. Parfois ça va plus vite. Ça met rarement plus de temps.
Avez-vous déjà commencé à plancher sur la prochaine édition ?
Ce sera celle de la Coupe du monde de rugby. Oui bien sûr, nous avons déjà commencé à travailler dessus. On changera, fin juin, début juillet.
La réussite commerciale d’un maillot dépend-elle forcément des résultats des joueurs qui le portent ?
On ne peut pas dire le contraire, c’est toujours conjugué, c’est comme ça dans tous les sports. Par contre il est intéressant de voir que là, le maillot n’a pas été porté par les deux équipes phares de l’équipe de France, mais on a déjà une très bonne réaction de ventes. Ce que l’on constate est que le fait qu’il se vende, cela veut dire que les fans adhèrent et en sont fiers. C’est cela que l’on cherche en réalité, pas nécessairement à ce qu’ils achètent systématiquement le nouveau maillot. On veut qu’il l’aime. Aujourd’hui, sans qu’ils aient joué avec, il se vend très bien.
La force et l’intérêt du partenariat ne se traduit pas que sur les ventes de produits…
Non, bien sûr. C’est un symbole qui est tellement supérieur aux ventes. Sur notre liste de rêves au Coq, la Fédération de rugby figurait en très haute position. Parce que ça a été la dernière équipe de France que l’on a eu, en 1986, et parce qu’on a gagné. C’est le début de l’histoire où le sport français gagne, dans les années 70, le début des 80.
Un maillot made in France pour une équipe de France. C’était évident ?
C’est la simplicité et la logique absolue et pourtant personne n’y pensait forcément avant. Maintenant il faut que les choses se mettent en place pour pouvoir être faites. C’est une chose de le dire et une autre de le faire, c’est ce qu’a d’ailleurs souligné Bernard Laporte (à la journée de présentation des maillots dans les ateliers de la marque). Mais c’est vrai que la symbolique est naturelle. On connait d’autres fédérations qui ont sur leurs épaules une marque locale. En France on l’a perdu et on ne s’en rend plus compte. Il y a une réalité économique, mais la symbolique est vraiment très forte et en ce sens elle dépasse la seule logique de la quantité de maillots vendus.
Le parcours des Bleus du foot au mondial doit vous inspirer ?
Ça nous fait rêver, ça nous conforte aussi. On est une marque française, quand l’équipe de France de foot gagne, c’est tout le pays qu’elle entraîne avec elle. Evidemment on souhaite la même chose aux équipes de France de rugby. Ça prendra le temps que cela prendra, la France est une grande nation de l’ovalie. On ne peut pas être là seulement au moment où ça gagne. On est très content d’être à ce stade du partenariat avec eux, parce que l’on va pouvoir construire ensemble une histoire longue.
Football, rugby, Formule 1, cyclisme, boxe*… Est-ce que tous ces sports ont la même stratégie pour vous ou existe-t-il des marchés dominants ?
Nous sommes une marque généraliste. Le Coq a fait quasiment tous les sports qui existent sur la planète. Ça a été le catalogue de produits textiles le plus riche du monde, pendant de nombreuses années, jusque dans les 70’s. C’est tout à fait naturel d’explorer plusieurs thématique. En fonction des marchés où on se trouve, certains sports ont toutefois plus ou moins de cohérence. La distinction que l’on fait ne porte pas sur la question de sport mineur ou majeur, mais plutôt ce qui est traditionnel et ce qui apporte de la modernité.
Le football, le rugby, le cyclisme et le tennis sont des sports traditionalistes, par lesquels Le Coq a construit son identité et son histoire. La boxe aussi, puisque nous avons eu Jean-Claude Bouttier et Marcel Cerdan. Ce qui est nouveau, c’est la F1, mais nous estimons plutôt que nous sommes partenaires de Renault Formula One Team. Ce n’est pas la même chose, parce que c’est une marque française. La complexité est moins importante, même s’il existe des contraintes fortes, notamment au niveau de la chaleur.
Voilà comment on fonctionne. On insiste déjà à voir si ça a du sens. Et si ça permet à notre partenaire, d’avoir une qualité de produit pour le satisfaire, qui soit différenciante, parce qu’avoir Le Coq sur la poitrine c’est encore rare. Nous on ne cherchons pas le nombre. Plutôt que de dire dans la catégorie football, je vais prendre dix club, on va plutôt étaler ces 10 assets dans des sports différents.
Envisagez-vous de vous étendre encore à d’autres sports ?
On s’efforce d’abord de bien travailler avec ce que l’on a. En continuant de raconter de belles histoires, qui ont du sens, qui apportent une belle émotion et quelque chose en plus dans cet univers qu’est celui des supporters. Beaucoup de ce que l’on fait est pour les gens qui regardent. La culture du Coq n’est pas de dire « Toujours plus haut, plus fort, plus vite », mais « Toujours plus d’émotions et de joies et être là quand ça va ou que ça ne va pas ».
Et le marché des crampons, de foot ou de rugby ?
Aujourd’hui on y est pas et nous ne le souhaitons pas. Nous avons le projet de développer des chaussures performantes, mais dans le football comme le rugby, il y a trois marchés : le textile, avec les maillots en tête de proue, les chaussures, et les ballons. Ce sont trois métiers compléments différents. Le nôtre, c’est le textile et nous souhaitons nous concentrer dessus. On va faire des chaussures pour équiper nos champions, quand elles seront produites et s’il y a de la demande, on les vendra, mais ça ne fait pas partie de nos impératifs. On ne compte pas là-dessus pour developper notre chiffre d’affaire.
* Sont notamment associés à la marque:
Football : L’AS Saint-Etienne et la Fiorentina
Rugby : Le Racing, l’équipe de France, Frédéric Michalak
Tennis : Richard Gasquet, Pauline Parmentier, Yannick Noah
Boxe : Tony Yoka
Cyclisme : Les maillots distinctifs du Tour de France, le Team Movistar
Formule 1 : Le Team Renault F1
Natation : Yannick Agnel