Ah le rugby ! Les puristes le défendent de toutes les mauvaises intentions qui gangrènent son cousin le football car l’argent, d’après eux, n’est que secondaire dans un choix de carrière. Ce n’est plus aussi vrai qu’il y a quelques années mais il s’en trouve encore, des légendes de la discipline pour guider les jeunes brebis égarées. De tous, l’exemple donné par Jonah Lomu est sans doute le plus significatif car son retour sur les terrains, ce dimanche après-midi, à 34 ans et après avoir été à l’article de la mort quelques années plus tôt, répond à tout autre chose qu’un besoin de liquidité de la part du meilleur ailier de tous les temps.
Jonah Lomu, devenu légende un jour de demi-finale de coupe du Monde 1995 contre le quinze anglais à qui il enfila quatre essais ; l’ailier des Blacks, donc, a choisi la France comme dernière destination à donner à sa longue carrière et plus précisément Marseille-Vitrolle un club de… Fédérale 1. Soit le troisième échelon de la hiérarchie nationale. Pour trouver valeur d’exemple, il faudrait à Zinedine Zidane qu’il accepte une dernière pige à Cannes (en National). Et qu’il accepte de surcroît, de s’asseoir sur ses prétentions financières.
Le même salaire « qu’un bon joueur de Fédérale 1 »
Car le coup de génie du président de Marseille-Vitrolle, Claude Atcher, n’est pas tant d’avoir fait venir les joueurs des Blacks mais de l’avoir convaincu de signer pour 70 000 euros annuels soit 5 000 par mois : « Le salaire d’un bon joueur de Fédérale 1 » note le patron du club. Avec Lomu dans son équipe, c’est l’assurance pour Claude Atcher de faire le plein à chaque match. Mieux, la seule présence du joueur Néo-Zélandais qui promet de courir (presque) aussi vite qu’à ses vingt ans – « Je suis toujours en-dessous de onze secondes au 100 m » – a poussé la chaîne Eurosport à diffuser en direct le premier match de Lomu, contre Montmélian ce dimanche. Du jamais vu en Fédérale 1.
Claude Atcher, ancien directeur de la coupe du Monde 2007 sait qu’il a frappé un grand coup médiatique en faisant venir « pour plusieurs saisons » l’ailier néo-zélandais. Et tant pis si ses débuts ont été plusieurs fois différés à la dernière minute ; tant pis si plusieurs centaines de supporters ont fait de très longs kilomètres pour n’apercevoir leur idole qu’en tribune… Avec Jonah Lomu, Marseille-Vitrolle peut légitimement envisager l’accession à la Pro D2 à la fin de l’année. Et même espérer un bonus financier.
Cresus Tensile